Réveillon chez les fafs : Le Crabe-Tambour invite le Local

Il y a deux mois, nous avions évoqué, dans un article consacré à l’antisémite compulsif Hervé Ryssen, l’existence d’un bar nationaliste parisien, le Crabe-Tambour, ouvert par Logan Djian, un temps proche de l’Œuvre française.

Ouvert depuis le mois d’octobre 2013, le Crabe-Tambour, situé dans les beaux quartiers du XVe arrondissement, est devenu un lieu de rendez-vous habituel pour les jeunes d’extrême droite de la capitale, prenant ainsi la suite du Local, fermé par décision administrative dans la foulée de la dissolution des différents mouvements de son tenancier, Serge Ayoub. Or le Crabe-Tambour et le Local invitent à fêter la nouvelle année ensemble : l’occasion pour nous de revenir rapidement sur ces deux lieux.

Après une première tentative en 2006 avec le bar rock « Le Garage », situé rue Saint-Maur dans le XIe arrondissement, Serge Ayoub s’entend avec Alain Soral pour ouvrir un nouveau local associatif avec le soutien financier de Chatillon, Gildas Mahé et Philippe Péninque. Pour ce faire, une vitrine légale est nécessaire, et un compromis est trouvé entre les anciens du GUD et les soraliens : Sighild Blanc, qui travaille pour la société Riwal de Chatillon, Ludivine Perigault et Julien Limes, gestionnaire de plusieurs business de Soral créent une association, Envie de Rêver, dont l’objet officiel est « la promotion des produits issus du terroir » (Ayoub pensait-il à ce propos à ses copains skins du Picard Crew ou du Front Comtois ?). C’est ainsi qu’en 2007, Le Local ouvre ses portes dans le XVe arrondissement. Assez rapidement, Ayoub s’embrouille avec Soral et récupère le lieu qui se peuple surtout de skinheads, assez logiquement vu le passé du gérant du lieu. Mais Ayoub a la bonne idée d’y organiser toutes sortes de conférences qui lui assure un public à la fois fidèle et renouvelé. Tout le monde y est le bienvenu, des royalistes aux nationalistes-révolutionnaires, en passant par des complotistes en tout genre, jusqu’aux cadres du FN ou du RBM (C. Bouchet, R. Ménard, PM Couteaux, P. Sautarel…).

Le Local devient ainsi un lieu incontournable pour le petit milieu nationaliste : mais suite à la dissolution de Troisième Voie, le mouvement créé en 2010 par Serge Ayoub, le Local est fermé par décision administrative.

Mais moins de trois mois plus tard, un nouveau lieu ouvre ses portes, prêt à accueillir le microcosme d’extrême droite parisien : le Crabe-Tambour, situé lui aussi dans le XVe arrondissement, à quelques centaines de mètres au sud du Local… Comme au Local, c’est un ancien du Kop de Boulogne qu’on retrouve derrière le bar : Logan Djian, dit « Duce ». Leader d’une des multiples reformations du GUD sur Paris, c’est assez logiquement pour fêter les 45 ans de ce groupe activiste étudiant que Logan organise dans son bar sa première « grosse » soirée, le 24 octobre 2013 (il récidivera un an plus tard, le 19 décembre de cette année, avec une « soirée de fin d’année du GUD »).

Pour le reste, la recette est à peu près la même que celle du Local, avec cependant des soirées souvent moins politisées, et un rythmes de conférences beaucoup moins soutenu. Le Centre de Réinformation Parisien, proche des nationalistes-révolutionnaires du MAS, y a déjà cependant organisé quelques rencontres, dont une en octobre dernier pour présenter Casapound, avec comme intervenant le porte-parole de l’organisation italienne Sébastien de Boëldieu, par ailleurs proche de Frédéric Chatillon. À noter aussi, en novembre, une soirée avec des volontaires français partis se battre en Ukraine. Mais les intervenants sont parfois, comment dire… plus folkloriques !

Ainsi, à deux reprises, en janvier puis en novembre 2014, Djian a fait venir Laurent Glauzy, Blancy de son vrai nom, collaborateur occasionnel à l’hebdomadaire antisémite Rivarol, mais surtout auteur de solides ouvrages tels que Le Mystère de la race des géants, Extra-terrestres, les messagers du New Age et surtout Illuminati : de l’industrie rock à Walt Disney : les arcanes du satanisme. Dans ce dernier ouvrage, on apprend pêle-mêle que Jennifer Lopez est membre d’une secte vaudou, que Disney fait l’apologie de la pédophilie et du cannibalisme, que le philosophe Adorno a écrit la musique et les paroles des Beatles (vous savez, les inspirateurs du tueur en série sataniste Charles Manson), que le commerce de la drogue contrôlé par la CIA est au service des Illuminati (qui ont assassiné le rappeur Tupac qui avait tenté de les dénoncer), ou encore que Woodstock était non pas un concert hippie mais une messe satanique… Du lourd, on vous dit !

Cette année, Logan Djian et Serge Ayoub se retrouveront donc pour fêter la nouvelle année : « Batskin » en est tout émoustillé, et annonce le 24 décembre sur Facebook « nous rirons, nous boirons, et nous entrerons dans 2015 avec détermination et enthousiasme, car notre avenir commence à s’éclaircir. » Aurait-il une idée derrière la tête, comme celle de rouvrir son propre bar ? En effet, le Conseil d’État a annulé le 30 juillet 2014 la dissolution de l’association Envie de Rêver : elle pourrait donc être réutilisée ultérieurement… En tout cas, ce soir, l’ambiance risque d’être un peu particulière, entre le public très bourgeois du premier et les skinheads du second !

Repris de la Horde

Mots-clefs : néo-nazis
 | identitaires
Localisation : Paris 15e

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