Répression et culture électronique

Le média, La Carte Son, s’est intéressé aux dynamiques répressives de l’État à l’égard de la culture électronique.

Au printemps dernier, ils matraquaient les manifestants. Cet été, ils assassinaient. Cet automne, c’était le tour des migrants. L’hiver approche et l’on voit ressurgir un des démons de la musique électronique, quand elle est dans sa forme la plus pure, la moins réglée – et, donc, la plus réprimée. Cette semaine, Techno+ était perquisitionné, certains de ses volontaires mis en garde à vue. Samedi soir, c’était la soirée « La Parallèle #5 ». Tout devait bien se passer, aucun des participants, organisateurs ou « teufeur » n’imaginait l’intrusion du système répressif dans ce lieu et cet événement festif. Mais voilà, non contents d’harceler les migrants qui essayent de dormir sous nos métros aériens, en ne leur offrant que de la tonfa et du lacrymo, nos flics viennent percuter les amateurs de musiques électroniques, qui osent sortir des clubs parisiens et de leur cadre oppressant, pour danser dans des lieus inventifs, car délaissés et réaménagés le temps d’une fête.

Certains d’entre nous connaissaient déjà assez bien le rouage de haine de la répression policière. Il s’agissait aussi pour beaucoup de leur premier contact avec l’hostilité de cette institution. Trop souvent, c’est de loin qu’on constate les troubles et les violences, en se disant que ceux d’en face doivent avoir des raisons pour se faire matraquer et terroriser de la sorte, que les flashballs dans les yeux et les matraques dans les crânes ont des raisons d’être. Et voilà qu’aujourd’hui, cet appareil répressif quitte les manifs, les squats de migrants, les banlieues, pour s’attaquer (de nouveau mais avec une violence très actuelle) aux soirées labellisées « musique électronique ».

Alors, si ce n’est qu’un nouvel exemple de l’état des choses, de la violence du contrôle social imposé par cet État, c’est peut-être aussi le moment de reconsidérer la situation : faire la fête en dehors de ce contrôle social est prohibé par la puissance publique. Les événements de la soirée Parallèle sont intéressants. Ils renvoient à de nombreuses situations similaires et posent de nombreuses questions. Peut-on investir un espace en dehors de tout cadre légal sans subir une répressions (violentes ou non violentes – cela en reste une) ?

Au fondement de cette question, il s’agit de s’intéresser à la place de l’État et de son ingérence dans nos vies, notamment en terme de culture. Deux points de vue – qui sont cumulables – doivent être mis en avant. D’une part, on peut constater un contrôle social des activités festives. L’exemple de l’annulation du festival DRØM ØRIGIN, tout comme celle de la BNK 3 il y a quelques semaines de ça, illustre particulièrement ce contrôle aveugle de l’État sur certains événements. Ceux-ci doivent être déclarés et donc, d’une certaine manière, adoubés. La notion d’ordre public parvient alors à les mettre à plat quand ils semblent trop marginaux ou « susceptibles de troubles ».

Mots-clefs : musiques | techno | répression
Localisation : région parisienne

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