Rassemblement et annulation du « spectacle » Exhibit B

Rassemblement devant le TGP, jeudi 27 novembre

Jeudi 27 novembre, à l’appel du collectif contre Exhibit B et de la Brigade anti-négrophobie, plusieurs centaines de manifestants ont empêché la tenue du spectacle Exhibit B au théâtre Gérard Philippe de Saint-Denis.

Exhibit B met en scène un « zoo humain », sur le modèle des expositions universelles du siècle dernier, où l’on exhibait les « peuples inférieurs » dans des cages. Son auteur, Brett Bailey, un afrikaner sud-africain, y montre une version esthétisée de la colonisation : les Noirs, femmes et hommes, ne sont que des objets, sans expression, sans parole, sans volonté, composant des tableaux vivants.

Les collectif appellent à un nouveau rassemblement ce soir, vendredi 28 novembre, devant le Théâtre Gérard Philippe à partir de 18h, métro Basilique de Saint-Denis.

Jeudi 27 novembre
Jeudi 27 novembre
« Où sont les mains blanches qui nous ont mis en cage », jeudi 27 novembre

Un texte de John Mullen, à l’origine d’une pétition signée par 20 000 personnes :

Créer un zoo humain, ce n’est pas de l’art

Des femmes en cage, des hommes enchaînés. Voici quelques-uns des tableaux vivants qui seront présentés dans l’exposition Exhibit B à l’espace 104 à Paris du 7 au 14 décembre 2014. L’artiste sud-africain Brett Bailey a choisi pour thème notre passé colonial. Pour John Mullen, auteur d’une pétition, la démarche est inacceptable. Il invite le public à boycotter l’événement.

Au centre 104 à Paris, et au théâtre Gérard Philippe à Saint-Denis en novembre-décembre est programmée une exposition qui met en scène des figurants noirs dans des positions dégradantes.

Une Africaine aux seins nus en costume tribal est suivie par une autre, enchaînée au cou. Les figurants restent immobiles et silencieux et les spectateurs visitent un à un ces tableaux vivants.

Le créateur, Brett Bailey, un Blanc sud-africain, affirme qu’il veut faire réfléchir au racisme, en se référantaux « zoos humains » colonialistes d’antan.

Un zoo humain, ce n’est pas de l’art

L’exposition ne commence que fin novembre : je ne l’ai pas vue. À Londres, en septembre dernier, cette exposition a été annulée au centre culturel public le Barbican, suite à une campagne antiraciste qui a vu23.000 personnes signer une pétition, et qui a reçu le soutien des deux plus importants syndicats du Royaume Uni.

Car l’œuvre utilise des corps noirs esthétisés, silencieux, dénudés, immobiles, et éclairés de façon décorative, afin de permettre à un Blanc de parler aux Blancs de leurs sentiments sur le racisme.

Les spectateurs sont invités à regarder les Noirs, captifs, droits dans les yeux, pour vivre un frisson de peur et de culpabilité. En revanche, l’opinion des populations multiethniques dans les quartiers des alentours n’a pas été demandée.

Les défenseurs de M. Bailey sont à court d’arguments. Après l’annulation à Londres, la direction du Barbican a prétendu que la violence des manifestants était en cause (alors que la police, présente en nombre, n’a fait aucune arrestation !).

Ils disent défendre « la liberté artistique », mais cela ne tient pas debout. Les subventions publiques ne sont pas données à tous les artistes de droit ! Il y a des critères à respecter et on peut considérer qu’un respect égal envers les ethnies différentes doit être un critère essentiel.

Que Brett Bailey expose dans son jardin

Il ne faut pas que cette exposition soit présentée chez nous ! Ce n’est pas une question de censure ni d’interdiction, mais de choix des instances publiques.

Si un jeune Blanc voulait enchaîner des volontaires noirs dans son jardin, appeler cela de l’art et demander aux voisins de payer pour venir voir, ce serait un autre débat. Mais l’argent public ne doit pas être dépensé pour un ouvrage qui, incontestablement, n »est pas respectueux à l’encontre des groupes ethniques.

On n’accepterait jamais que soient exhibés des tableaux vivants sur ce modèle pour « faire réfléchir » sur les massacres des Juifs par les nazis (avec des figurants Juifs) ou pour « faire réfléchir » sur le viol, avec des figurantes femmes.

Exhiber des Noirs, c’est inacceptable

D’aucuns défendent Brett Bailey en disant qu’il a de bonnes intentions, qu’elles ne sont pas racistes. Ce n’est pas suffisant ! Pour comprendre le sens d’une action artistique, il faut prendre en compte son contexte et son public.

Exhiber des Noirs en cage, en région parisienne, pour faire réfléchir la population multiethnique sur le racisme, c’est pire que ridicule !

M. Bailey explique que l’œuvre traite de ce que cela veut dire d’être regardé, et de regarder. C’est un thème assez banal, voire rebattu dans l’art contemporain.

La seule nouveauté est le côté choquant d’exhiber des Noirs. C’est inacceptable que les citoyens doivent subventionner de tels agissements.

Pour une déprogrammation de l’événement

Les principes de l’antiracisme ne sont pas compliqués : égalité et respect pour tous les groupes. Exhiber des Noirs pour que les Blancs explorent leur sentiment de culpabilité, ce n’est pas l’égalité !

Il est vrai que l’artiste a eu une éducation qui ne prédispose pas à une compréhension du racisme. Mais s’il voulait vraiment traiter Blancs et Noirs de façon égale, il aurait pu mettre des Blancs dans son zoo. Le message aurait été plus clair.

Il faut espérer que la pétition adressée aux directions artistiques des centres culturels aboutisse à la déprogrammation de cet événement plus que douteux. Brett Bailey dans un entretien avec un journal britannique, « The Guardian », a déclaré :

« Je ne sais pas, il se peut que d’ici dix ans je vais penser à Exhibit B et me dire ‘Mon Dieu, je fais exactement ce dont on m’accuse !’ »

Je propose qu’on accélère son apprentissage et qu’on n’attende pas dix ans avant de dire que « ceci est inacceptable ».

« Nous ne sommes pas des objets », jeudi 27 novembre
Jeudi 27 novembre
La flicaille présente pour protéger l’art
Qui défendent-ils ?
Mots-clefs : anti-racisme
Localisation : Saint-Denis

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