Queer Ultra Violence (USA 2009-2011)

À l’occasion du mouvement contre la loi Travail et son monde, nous vous proposons quelques textes écrits par des manifestant-e-s lors de luttes passées à propos de leurs pratiques « violentes ». Quatrième épisode avec ce texte paru en 2009 dans le n°3 du journal anarchiste de Milwaukee Total Destroy : « Intimité criminelle », par un gang de Queers criminels.

Texte à lire sur l’écran et/ou télécharger en PDF/brochure sur infokiosques.net.

Extraits :

Nombreux sont ceux qui accusent les queers d’être responsables du déclin de cette société –et nous en sommes fierEs. Certains croient que nous avons l’intention de réduire cette civilisation et son tissu moral en lambeaux—et ils ont bien raison. On nous décrit souvent comme dépravéEs, décadentEs, et révoltantEs – mais ils n’ont encore rien vu.

Soyons clairEs : Nous sommes des anarchistes queers et criminels, et ce monde ne nous suffit pas, et ne nous suffira jamais. Nous voulons anéantir la morale bourgeoise et réduire ce monde en poussière.
Nous sommes là pour détruire ce qui nous détruit.

Parlons-donc de révolte. Nous traçons la lignée de notre criminalité queer et nos dess(e)ins de disparition de l’ordre social. Et quel dé- lice, que ce nectar que nous buvons : pirates lesbiennes des mers déchaînées, émeutièrEs queers qui incendient les voitures de flics, sex parties sur les ruines de l’industrialisme, braqueurEUSEs de banque arborant des triangles roses, réseaux d’aide mutuelle entre les travailleurEUSEs du sexe et les voleurEUSEs, gangs de trannyfags prêtes à en découdre. On nous a assuré que chaque jour pouvait être le dernier. Nous avons donc choisi de vivre comme si notre vie était sans lendemain. À notre tour, nous faisons la promesse que les jours de l’existant sont comptés.

Dans notre révolte, nous développons une forme de jeu : nous expérimentons l’autonomie, la puissance et la force. Nous n’avons rien déboursé pour ces habits et nous payons très rarement pour notre nourriture. Nous volons sur nos lieux de travail et nous nous prostituons pour avoir de quoi vivre. Nous baisons en public et nous n’avons jamais joui si fort. (...) Nous avons pillé des lieux jusqu’à la moelle et partagé le butin dans la joie. Nous détruisons des choses la nuit et nous marchons main dans la main en sautillant sur le chemin du retour. Nous faisons sans cesse grandir nos structures de soutien informel et nous serons toujours là les unEs pour les autres. Par nos gang-bangs, nos émeutes, et nos hold-up, nous articulons la collectivité et l’approfondissement de ces ruptures.

(...)

Nous ne proposons les mots « criminel » ou « queer » ni en tant qu’identités, ni en tant que catégories. Criminalité. Queer. Voilà des outils pour se révolter contre l’identité et la catégorie. Voici nos lignes de fuite hors de toute contrainte. Nous sommes en conflit avec tout ce qui restreint le moindre désir. Nous devenons n’importe quoi. Notre unique point commun, c’est notre haine de tout ce qui existe. Lorsqu’elle est commune, une telle révolte du désir ne peut jamais être intégrée à une forme étatique.

Dans les médias, les beaux-parleurs de droite invoquent l’imagerie d’une « guerre culturelle », menée entre la société civile d’un côté et les queers de l’autre. Nous rejetons ce modèle de guerre. Notre guerre est une guerre sociale. Le lien entre domination et société de classes est omniprésent. Pourtant, les ruptures et les points de conflit sont également omniprésents. C’est au sein de ces fissures que nous existons dans la rébellion – nous, les queers, les criminels : peu importe.

Note

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