Pour porter une parole anti-autoritaire et anticapitaliste à République

Ce qu’il se passe en ce moment à République peut paraître intéressant. Et en de nombreux points ça l’est mais règne une étrange impression… comme si cette occupation nous avait coupé les jambes.

Des assemblées citoyennes trop politiciennes pour nous

Avant la Nuit Debout, un certain rythme d’AG interluttes avait eu lieu (à Paris 8, à Tolbiac, etc.). Depuis le 31 mars, nous n’avons eu aucun espace large pour nous organiser entre révolutionnaires anti-autoritaires. La journée du 5 avril a été importante (et v’la kiffante pour qui n’a pas fini en gardav), cependant si on veut qu’elle se reproduise (et qu’elle soit autre chose que du soutien aux interpellé-e-s), il nous faut nous organiser, nous retrouver. Place de la République se passe quelques chose d’original, qui sort du quotidien mais on sait tous et toutes à quel point la Nuit Debout est trustée par les orgas citoyennistes et réformistes. La manière dont les AG et les décisions se prennent ne permettent pas une réelle organisation autogérée, et il est vain, à mon sens, d’espérer inverser cette dynamique. La plupart des interventions sur le déroulé des manifs condamnent plus les « casseurs » que la police, le vote à majorité est la règle, les applaudissements aussi, les petites mains qui volent, les tours de paroles (souvent bidonnés), les commissions, tout ce qu’on déteste en vrai...

La nuit debout paralyse le mouvement actuel

Il ne s’agit pas d’un appel au boycott de la Nuit Debout, allons-y, rencontrons des gens, tenons des stands, amusons-nous, buvons des coups ensemble, partageons des repas, c’est quand même important et y’a pas que la marave avec les keufs dans la vie mais n’espérons pas y construire une réelle force de proposition anti-autoritaire. Alors même que les syndicats jouent la carte de l’épuisement en renvoyant au 28 la prochaine manif, le risque est grand de l’entre-soi et de l’immobilisme. Nous devons nous rencontrer en parallèle de ce mouvement pour discuter, proposer et agir. Les premières AG interluttes ont montré la force que nous avions (notamment lors de la manif sauvage après Tolbiac mais pas que), alors même que les AG de Répu n’ont jusque lors pas réellement servi de rampe de lancement à de réelles actions. Et ça pourrait donner des idées à certain-e-s, et ainsi sortir de la Place de la République, pour créer des Nuit Debout en banlieue (d’ailleurs ça arrive), des AG de chômeur-euse-s, des réunions sur d’autres thèmes que la loi travail, enfin toute une ébullition qui rendrait le mouvement beaucoup moins gérable par le pouvoir et les bureaucrates et beaucoup plus vivant. Comme le disait un autre texte paru sur PLI, il faut non pas que République soit une fin en soi mais bien le point de départ de plein d’AG, de propositions, d’autres actions.

C’est en agissant qu’on convainc !

N’ayons pas peur de nous isoler, si nous nous réunissons et trouvons la force d’avancer nos idées et de réussir nos actions, de nouveaux camarades nous rejoindrons. Il doit y avoir plusieurs personnes contrariées de la manière dont les choses se passent à Répu qui seraient bien contentes de trouver un autre espace de discussion. En revanche, en restant en AG de 1 000 personnes, chapotées par des pros de la politique (qu’en vrai on n’est pas), on se fera bouffer, sur ce terrain on perdra et à part des petites discussions informelles de frustré-e-s en marge des assemblées citoyennes, nous n’aurons aucun espace. Là où on peut convaincre, construire et se faire plaisir, c’est dans l’action, pas forcément la grosse manif de 5 000 personnes qui pètent tout Paname, mais au moins des petites manifs sauvages de temps en temps, des occupations de place à 50 par ci, par là, ne serait-ce que pour mettre la pression à des keufs surmenés, des rencontres avec des personnes isolées et surtout une base suffisamment importante pour contrer les bureaucraties syndicales ou politiques et faire durer ce mouvement au-delà des journées officielles.

Du coup, je propose qu’on se retrouve à la fin de manif du samedi 9 à 18h place de la République afin de réfléchir à la manière de porter au mieux une parole anticapitaliste et antiautoritaire au sein de ce mouvement d’occupation ainsi qu’au sein du mouvement actuel en général.

Localisation : Paris 10e

À lire également...