Paris 18e : leur sécurité prioritaire n’est pas la nôtre !

D’après l’édition locale du Parisien du lundi 7 juillet 2014, les policiers de la Goutte d’Or « décréteraient » l’état d’urgence.

« Jeudi dernier, on est arrivé à une situation extrême, déplore un fonctionnaire sous couvert d’anonymat. Un contrôle sur une bagarre au couteau s’est terminé en révolte de rue. Les policiers ont dû dégoupiller une grenade de désencerclement afin de pouvoir rejoindre entier leur voiture qui était à 30 m ! » Plusieurs fois, le commissariat de la Goutte-d’Or a dû diffuser au micro son appel à toutes les unités. « A ce moment-là, tout le monde descend en renfort, décrypte ce même policier. » 200 policiers sur tout Paris ont été appelés à la rescousse. Samedi, le quartier s’est à nouveau embrasé.

Pourtant consacrés lors des derniers mois de mandature de Delanoë par l’ajout de 300 policiers supplémentaires dans la capitale, d’une nouvelle ZSP (zone de sécurité prioritaire) dans le 20e et surtout d’une zone de sécurité renforcée autour de Gare du Nord (qui englobe la station de métro Barbès), les syndicats poulets réclament encore plus de personnels en arme :

Le syndicat Unsa-Police monte au créneau, interpelle la préfecture de police et demande des effectifs supplémentaires. Depuis vendredi, un tract intitulé « État d’urgence ! ZSP du XVIII e » circule. Dans ce quartier classé ZSP (zone de sécurité prioritaire) par le ministère de l’Intérieur depuis septembre 2012, entre les boulevards Barbès, de la Chapelle, les rues Caplat et de la Charbonnière, « ce sont les voyous qui tiennent le quartier. Ils volent à Barbès. Ils vendent à Barbès », dénonce un policier.

On l’a vu, pour la police,vendre des écharpes de l’équipe de foot d’Algérie ou des gâteaux de Ramadan, c’est déjà le djihad.

Pourtant, jeudi dernier, la menace insécuritaire était bien du côté policier : 25 000 policiers mobilisés, canons à eau et hélicoptère surveillaient les fêtards. La station Barbès était fermée sur ordre de la préfecture, et le quartier bouclé militairement.

Carte des ZSP du 18e et du 19e arrondissements et de la zone de sécurité renforcée :

Le Parisien produit une liste pas inintéressante des accrochages avec les forces de l’ordre, titrant : Quand la foule se retourne contre les fonctionnaires

Samedi soir [5 juillet]. L’interpellation d’un vendeur à la sauvette se transforme en émeute. Angle Caplat-Charbonnière, une foule de plus de 100 personnes s’est mobilisée et a essayé d’extirper des mains des policiers un suspect qu’ils contrôlaient. Les fonctionnaires se sont fait gazer. Il aura fallu des renforts policiers pour venir à bout de la foule. Le suspect a pu être emmené au commissariat et placé en garde à vue. L’homme qui vendait des vêtements de marque a déclaré avoir 16 ans mais affiche la vingtaine. Il a refusé de se soumettre aux empreintes digitales.

Vendredi 27 juin. Au métro Barbès, une femme se fait arracher son collier valant 16 000 EUR. En plein jour, un gang de voleurs repère une femme au métro Barbès. L’un d’eux lui arrache son collier, estimé à 16 000 EUR. Les gendarmes mobiles en renfort sur la ZSP, positionnés au métro Barbès, interviennent immédiatement. Lors d’une course-poursuite, ils ont pu interpeller l’un des voleurs. Le collier n’a pas été retrouvé.

Mercredi dernier. Les policiers dégoupillent une grenade de désencerclement. Boulevard de la Chapelle, deux fonctionnaires qui intervenaient sur une bagarre au couteau entre 7 individus se sont fait encercler par 200 personnes. Ils se font gazer, caillasser. L’un des policiers s’est même fait voler sa matraque. Les deux fonctionnaires ont dû dégoupiller une grenade de désencerclement pour pouvoir s’extirper de la foule et rejoindre leur voiture garée à 30 m. Une cinquantaine de policiers ont été appelés en renfort. Un des agresseurs sera arrêté et placé en garde à vue.

Et si à Barbès, on ne voulait pas de leur « sécurité prioritaire » ?

Mots-clefs : football | police
Localisation : Paris 18e

À lire également...