Nasse, rafle et détentions : Barbès, « Zone de Sécurité Prioritaire »

Mercredi 11 juin en début de soirée, la police a encore raflé à Barbès, « Zone de Sécurité Prioritaire », en procédant à une nasse. Récit et témoignage publié sur Sans papiers ni frontières.

En début de soirée, deux voitures de flics sont arrivées pour disperser les gens qui traînent, discutent et vendent sur la place du café Le Royal. C’est l’éternel jeu du chat et de la souris qui semble commencer comme quotidiennement dans le quartier. Barbès est classé “Zone de Sécurité Prioritaire” par l’État, ce qui permet aux flics –grâce à une réquisition permanente du procureur – de contrôler et fouiller n’importe qui dans la rue et les commerces à n’importe quelle heure, comme ils aiment à le rappeler à qui ne l’aurait pas encore compris.

Les flics et CRS, qui ont reçu le renfort récent d’une nouvelle Brigade Spécialisée de Terrain (BST), occupent en permanence le quartier, patrouillent, fouillent et contrôlent. Leur objectif est de faire dégager les pauvres qui, nombreux, occupent la rue et pour certains vendent cigarettes et baskets pour survivre. Pour cela, les flics peuvent compter sur le soutien de quelques associations, de certains commerçants, de vieux fachos et d’investisseurs zélés qui ont décidé, non sans avoir discuté sécurité avec le commissaire et la mairie du 18e, d’ouvrir une brasserie “the place to be” à la sortie du métro.

Trente minutes plus tard, 20 ou 30 flics sont revenus. “Ils avaient une stratégie, un plan”. Ils ont commencé à contrôler pour arrêter des personnes sans papiers dans toutes les rues adjacentes à la place du café en resserrant une nasse petit à petit. Ceux qui ont essayé de s’enfuir se sont retrouvées enfermées sur la place.

Les personnes arrêtées ont été amenées dans les commissariats du 18e, rue de la Goutte d’Or et rue de Clignancourt. Certaines ont été relâchées et d’autres enfermées au centre de rétention de Vincennes. On ne sait pas combien de personnes ont été arrêtées exactement.

Depuis plusieurs mois des personnes tentent de s’organiser contre les rafles, l’occupation policière et la restructuration urbaine à Barbès. Des tables de diffusion de tracts et de brochures sont l’occasion de discussions contre les frontières, les flics et la hogra. Naissent des solidarités qui espérons-le trouveront un jour l’envie et la force de bouter les flics, les riches et les politiciens hors de nos vies !

Ci-dessous, une personne enfermée au centre de rétention de Vincennes raconte son arrestation :

« Ils m’ont arrêté alors que j’étais assis sur un banc de la place. Les flics sont arrivés, ils nous ont fouillé, mis en rang contre les bancs et mis les menottes en plastique, les serflex. Ils y avait des flics en civils, d’autre non, à pied, en voiture et en moto.

Ils nous ont mis dans un fourgon, on était 10, tassés comme des animaux, debout, attachés dans le dos. Le sang ne circulait plus dans ma main.

On a attendu là et on est allé au commissariat rue de Clignancourt. On a attendu 20 minutes toujours debout. Ils nous ont fait rentrer dans le commissariat, pris les empreintes des mains et les photos puis on a été en cellule. Après, on avait toujours des menottes, on est monté un par un avec des papiers à signer. L’interprète disait « t’inquiète, signe ! ». après on est redescendu dans la grande cellule au sous sol avant de monter dans un bus, toujours attachés.

Là ils nous ont ramenés à Vincennes, ont était 7. Devant le centre on a encore attendu dans le bus, on a refait les photos et encore des papiers à signer, on ne sait même pas ce que c’est. Il était 3 heures du mat’.  »

Repris du site Sans papiers ni frontières.

Mots-clefs : rafle
Localisation : Paris 18e

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