Marche contre le racisme : et si on expulsait le Front de Gauche ?

Le 7 décembre aura lieu la « Marche pour l’égalité et contre le racisme ». Si on la préférera à deux autres manifestations, organisées en sous-mains par le parti socialiste, la présence du Front de Gauche nous pose problème. Leur participation active, leur zèle, à expulser, à discriminer, les populations les plus pauvres, immigrées ou issues de l’immigration, nous obligent à dénoncer leur double discours.

Non contents d’avoir récupéré pendant tant d’années la « marche des Beurs » de 1983 pour porter au plus haut de la technocratie des enflures, ex-trotskystes, de la pire espère au sommet de l’État et du Parti socialiste (Dray, Désir..), d’avoir dépolitisé la question du racisme, son ancrage structurel (ce ne serait qu’une question de mentalité !), SOS Racisme a retenté la même le 30 novembre. On pourra également citer la « Marche des Républicains » du 8 décembre, elle carrément organisée par des militants socialistes pour noyer le poisson.

Reste le 7 décembre, une manifestation appelée par un large nombre de collectifs indépendants anti-racistes, d’immigrés, de sans-papiers, de femmes racisées, de rroms, par les lycéens indépendants du MILI, etc. Une marche pour la régularisation et contre les frontières, dont le départ est significatif, puisqu’il s’agit de l’Église Saint-Bernard d’où avaient été expulsés 300 sans-papiers en 1996.

La manif devrait rejoindre la marche annuel des chômeurs et des précaires (qui partira de Stalingrad).

Oui, mais parmi les signataires de cette marche, on trouve le PCF et la FASE (Fédération pour une Alternative sociale et écologique). Ces deux partis, membres du Front de gauche, critiquent, officiellement, les mesures « discriminantes et inhumaines » de la politique du ministre Valls. Or, en région parisienne, ces deux partis sont à la tête de plusieurs mairies, du méga-projet Plaine-Commune ou encore participent à la majorité à la tête du conseil général de Seine-Saint-Denis.

Et à la tête de ces officines étatiques, ces deux partis ont, en l’occurence, une politique « discriminante et inhumaine » à l’égard des populations immigrées. Il y a quelques jours, un camp de Rroms a été expulsé à Saint-Ouen, remettant 800 personnes sur le trottoir en plein hiver, sur demande (et arrêté municipal) de Jacqueline Rouillon, maire FASE (Front de Gauche) de Saint-Ouen. Sous des prétextes bidons. Pour en rajouter une tartine, c’est elle également qui assigne en justice les derniers habitants de leurs fameux « villages d’insertion », à Saint-Ouen toujours, pour les faire dégager (l’électricité a été coupée depuis le mois de juillet) [1].

Pour l’humanité on repassera.

FASE toujours (ils sont censés être « très à gauche » au Front de Gauche), Patrick Braouezec, ancien député-maire de Saint-Denis, actuellement président de la Communauté d’agglomération Plaine-Commune. C’est lui-même qui mène à grand coup de pourrissement-destruction (on laisse les bâtiments se détériorer, on les met en arrêté de péril, on les rase et on en reconstruit d’autres, pour une nouvelle population "plus aisée") les choix politiques en la matière [2].

Braouezec donc, qui a fait expulser en mars 2012, un collectif de mal-logés qui squattait un immeuble vide chemin des Cornillons à La Plaine. On apprendra plus tard qu’il s’agissait d’y construire une piscine olympique (qui ne se fera finalement pas).

Cette « gauche de la gauche », qui tente désespérément de se faire passer pour le héraut des classes populaires, n’est guère éloignée des politiques habituelles en la matière, de la droite au PS. Une fois au pouvoir, ils continuent de « gérer » les populations pauvres, de faire perdurer leurs intérêts économiques qui sont, à quelques exceptions près, les mêmes que ceux de la bourgeoisie (ou bien sont-ils totalement intégrés à la bourgeoisie ?).

Nous nous permettrons même d’aller plus loin : ces politiques anti-sociales sont des politiques racistes. Les populations « immigrées » (les immigrés récents, les "issus de l’immigration", les "enfants d’immigrés"...) composent une grande part des travailleurs pauvres, des mal-logés, des expulsés. "Restructurer", "attirer des foyers plus aisés", "ne pas laisser la misère s’installer", tout ça, revient à dire "blanchir un quartier".

Personne n’aurait eu idée de laisser le PS, et leur République colonialiste, participer à cette « marche contre le racisme », pourquoi le permettre à d’autres qui ont les mêmes pratiques ?

Et si nous expulsions les expulseurs ?

Notes

[1Voir à ce sujet l’article de la Voix des Rroms

[2Une technique que l’on connaît bien à Paris intra-muros, puisqu’elle est organisée institutionnellement : les bâtiments sont préemptés par la mairie, donnés à la SIEMP (bailleur social mixte de la ville), fenêtres détruites et trous dans le sol pour accélérer le processus, reconstruits puis donnés ou loués sur des bailles amphytéotiques de 99 ans à d’autres bailleurs (mixtes comme Paris Habitat, SEMIDEP, etc. ou privés, voire revendus au rabais à des entreprises immobilières). Actuellement, la gérance, « casse-gueule » d’après les gestionnaires, est laissée aux Verts, « qui doivent faire leurs preuves ».

Localisation : Paris 18e

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