Macron, classe moyenne et politique : réflexions sur la présidentielle 2017

Une réflexion critique sur l’élection présidentielle 2017 et, par delà les oppositions droite/gauche, sur le sens qu’elles prennent dans le contexte plus large de la lutte des classes en France, et notamment de celle que mène la classe moyenne pour conserver un statut menacé, au prix de l’invisibilisation du prolétariat.

L’ensemble populiste Le Pen-Mélenchon, qui représente de facto l’opposition au parti libéral gestionnaire de Macron, est l’existence idéologique de ce « peuple » de la classe moyenne, qui brandit comme un étendard les haillons de « classes populaires » absentes d’un jeu où elles n’ont rien à gagner.

Les élections présidentielles de 2017 en France ont été ce qu’on pourrait appeler une petite conjoncture : une structure sociale en crise s’effondre sous le poids de ses contradictions, et, dans le même moment et pour les mêmes raisons, parvient à se rétablir, non sur des bases nouvelles, mais en correspondant plus encore à ce qu’elle était auparavant. C’est une mise en adéquation à la situation telle qu’elle peut être appréhendée par cette structure : la crise formulée dans ses propres termes et résolue dans ses propres termes. Autrement dit, c’est un tour de vis et un retour à l’ordre, là où une « grande » conjoncture se caractériserait par l’impossibilité de le rétablir.

Comme un chat qui retombe sur ses pattes, la classe politique française, à travers l’éclatement des deux partis qui se partagent le pouvoir depuis quarante ans et font l’objet de critiques de plus en plus pressantes, est parvenue, face aux populismes de droite comme de gauche, à rester aux affaires. Parler de recomposition n’y change rien : ce qui s’est passé, sous les dehors d’un « grand chambardement », revient à entériner dans les faits et à accentuer ce qui faisait le fond de la crise de légitimité de la politique en France : le système de l’alternance en revient à un régime de parti unique, appliquant une politique unique.

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