Loi El Khomri : pour un mouvement de lutte prolongé

Un peu de théorie et de stratégie pour continuer la lutte radicale contre la loi travail et son monde capitaliste et autoritaire.

Si les droits des travailleurs sont remis en cause, le mouvement de contestation sociale qui vient dénoncer cette remise en cause se voit confronté à un problème d’ordre théorique et stratégique.

Qu’est-ce à dire ? Des lois comme la loi El Khomri sont d’abord riches d’enseignement. Le système qui met en avant les finalités que sont la « croissance », la « productivité », la « compétitivité », s’il assure qu’une légalité permettant son fonctionnement n’exclut pas la négation des intérêts vitaux de la classe laborieuse (qui rend possible pourtant la création de la valeur, au sens strict), fait à cet instant un aveu explicite. D’une certaine manière, et de façon paradoxale, ce système s’auto-dénonce. De façon impudique, il proclame que ce qui est pour lui « vertueux » correspond, dans les faits, à une occultation des vécus qualitatifs concrets de ceux qui font « fonctionner » la machine, c’est-à-dire correspond à ce qui est scandaleux en soi.

Cet aveu est une aubaine : la classe qui détient le capital, et l’État qui défend ses intérêts, nous donnent le bâton pour qu’on les batte. Un cynisme aussi clair nous indique définitivement que le système n’a absolument rien de « sain » (fait que le mythe des « trente glorieuses » tendait à nous faire oublier). Une démonstration aussi radicale d’un mépris institutionnalisé est un appel à l’insurrection.

Quel est le sens d’une « provocation » ? Celui qui provoque s’attend à une réaction proportionnée à l’ampleur de la provocation. La loi El Khomri sera une ultime provocation, qui appelle une réponse à la mesure du scandale. Dans ce contexte, on ne saurait la réduire à une énième réforme dont il s’agirait simplement d’exiger la « refonte », ou même « l’abolition ». Il y a là plutôt un saut qualitatif qui se joue. Le système de la valeur accumulée montre son vrai visage, et il faudrait savoir saisir cette occasion.

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Mots-clefs : économie politique

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