Paru pour la première fois en hébreu en 20041 , Les Seigneurs de la terre a été écrit durant la seconde Intifada : un « bourbier humain, moral, social, militaire et politique » qui a incité les auteurs à en donner une vision rétrospective. Le livre, premier du genre, a été écrit à l’origine pour les Israéliens. Il leur révèle et leur raconte par le menu un aspect occulté de leur histoire nationale, selon deux fils entrelacés : d’un côté, l’épopée du mouvement de colonisation, engagé dans une « mission sacrée » et de l’autre, principalement l’histoire de l’abdication des institutions étatiques face à ce zèle colonisateur qui a fait irruption dès juin 1967, c’est-à-dire dès le début de l’occupation de la Cisjordanie et de Gaza.
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Au-delà du travail historique, la thèse, ou plutôt la vision des auteurs est résumée dans la préface de l’édition française de 2013 : « Soixante-cinq ans après sa fondation, Israël est un État occupé par son occupation et par ses propres colons juifs. » Cette « prise d’otage » est centrale dans leur démonstration. Elle se sera faite peu à peu, et les gouvernements successifs l’auront à tout le moins permise dans un premier temps, puis encouragée à partir de 1977, au prix de violations répétées de la loi israélienne et d’un affaiblissement de facto de la démocratie. La politique menée par Benyamin Nétanyahou, après celles de Moshe Dayan, de Shimon Pérès, d’Ehoud Barak ou d’Ariel Sharon, évoquée dans la même préface, en est une sorte de perversion ultime illustrée, en 2012, par un rapport « délirant » rédigé par une commission ad hoc qui affirmait qu’il n’ y avait pas d’occupation et que toutes les colonies étaient légales.
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