Lettre ouverte à la présidente de l’université Paris 8 : ni sécuritaire ni austérité

Contre les processus de sécurisation, d’aseptisation, nous avons tracté, nous avons agité un peu l’espace, et le silence est resté en face de nous. Plutôt que d’être victime d’une direction, d’une politique, nous avons choisi d’entrer dans l’offensive. Voilà donc quelques propositions. À voir si elles résonnent avec quelques-un-e-s.

Madame la présidente,

Si nous ne sommes pas nombreux à écrire ces mots, nombreux sont ceux qui ont partagé avec nous nos points de vue et leur ras-le-bol quant à la gestion de cette université.

Bien sur nous ne sommes pas les experts que vous prétendez être, mais d’une part c’est nous qui subissons vos choix, si inappropriés qu’ils soient, mais qui en plus permettons que vous ayez un emploi.

Certes, vous n’êtes pas la seule responsable, vous participez pleinement de ce que l’on appelle élégamment l’austérité pour nous faire crever de faim à l’ombre d’un bâton.

Si ces propos apparaîtront comme fantasques, ou bien irréalistes, nous vous rappelons que nous avons pris sur nous pour rendre nos aspirations les plus proches des réalités contemporaines. Et que cet exercice nous a semblé être un pas incommensurable vers le dialogue.

Si l’argent ne parvient pas à passer, pour des raisons volontairement très complexes que nous ne pourrons entendre, de la caisse qui permet de dépenser pour les caméras, portes, barbelés, verrous et vigiles à celle des quelques secrétaires grévant déjà depuis 10 semaines, nous considérons que ce n’est pas sans lien avec la manière de gérer ces lieux.

Persuadés que c’est à ceux qui pratiquent de gérer, et que nous ne devons pas léguer nos pouvoirs à des fantômes éloignés de nos préoccupations, nous vous prions de considérer sérieusement nos propositions.

En plus d’apporter notre soutien à ceux, déjà pas si rares qui grondent, nous prétendons à quelques revendications, qui ne sont que des premiers pas, très édulcorés de ce que nous aimerions voir appliqué :

  • L’arrêt du plan sécuritaro-militariste en vigueur depuis janvier 2015 au sein de cette “université”
  • L’arrêt du marketing “numérique” dans une université en placo-plâtre blanc, creux et menaçant de s’effondrer.
  • La remise au premier plan des fonctions (certes assez fantasques en nos jours), d’enseignement et de recherche plutôt que les “forums pour l’emploi à tout prix”, surtout s’il est non rémunéré et “le stage gratifié” de 1/3 du SMIC, les” soirées étudiantes d’intégration” et de désintégration intellectuelle.
  • L’abolition de la novlangue qui consiste à appeler :
  • “maison de l’étudiant” le service d’ordre de la direction,
  • “université ouverte” une caserne cernée de miradors,
  • “démocratique” les élections d’étudiants et de personnels, ne servant en réalité qu’a asseoir le pouvoir de contrôle de l’administration sur les tracts diffusés, les bureaux alloués, les subventions distribués.
  • L’”interculturalité” qui consiste en réalité à exiger de chacun ses papiers à l’inscription puis à l’entrée de l’université, puis à la bibliothèque puis au restaurant universitaire.
  • “démocratique” une COMUE (=fusion) à laquelle tous s’opposent,
  • La suppression des instances dirigeantes et administratives de l’université, dont nos impôts et nos inscriptions financent l’inutilité.
  • La gestion des contenus, de l’administration de TOUTE l’université (c’est-à-dire également sa bibliothèque, son restaurant universitaire, ses espaces, ses conférences et colloques, laboratoires de recherche, etc.) par ses étudiants.
  • Cette gestion, sous forme d’assemblée quotidienne, siégeant chaque matin, et dans laquelle vous n’êtes évidemment pas conviée, vous ni vos sbires.

Comme vous aurez pu le constater, ces quelques points, non seulement sont d’une réalité des plus contemporaines quand on regarde l’état du monde, mais en plus de cela, permet déjà de proposer un fonctionnement, qui ne vous concerne pas tellement, mais qui saura être une base pour le lendemain de nos journées.

Vous pouvez alors constater qu’en deux heures de notre temps nous pouvons réagir bien d’avantage que vous dans tout votre règne, et vous contasterez alors l’ampleur de votre échec.

Sans cordialité,

Premier comité signataire, réuni le 30 mars 2015 : François Martin, Helena Pic, Souadou Amadé, Nafisatou Traoré, Jing Min, Marie Baudet, Charles-Emmanuel Robin, Jean-Christophe Lemoyne, Emmeline Joli, Camille Sauvage, Julie Paquet, Clément Marcelin, Jérémy Poiret, Thérèse Davilla, Agathe Ledoux, Pedro Dullaure, Jeremy Lavé, Lia Cohen, Isabelle Aubirt, Imen Adjaj, Mohammed Lauda, Amid Benchicrit, Amadou Saoud, Tang Huafen, Mikhail Kofotkine, Petru Lamonovsky, Aziz Chittab.

Note

Dans tous les cas, il se pourrait bien qu’on ait quelques envies de ne pas attendre de réponse pour reprendre la fac...

Mots-clefs : sécurité | université | précaires
Localisation : Saint-Denis

À lire également...