Lettre à mes « camarades » de la CGT

La CGT défend son membre du SO interpellé et oublie tous les autres interpellés. La répression frappe indistinctement, nous avons l’obligation de défendre tous-tes les interpellé-es sans distinction

J’ai souvent eu l’occasion de constater l’efficacité du SO de la CGT dans les manifestations. Ses membres sont toujours présents arborant fièrement leur brassard. Ils veillent avec efficacité à ce que les manifestant-es ne s’égarent pas, tels des chiens de bergers surveillant un troupeau de moutons. Ils veillent à ce que rien ne trouble le bel agencement de leurs troupes défilant sagement derrière les camionnettes surmontées de ballons destinés à éviter que quiconque ne puisse s’égarer trop loin de son département ou de sa fédération. Ils s’assurent qu’aucun slogan déviationniste ne perturbe les slogans labellisés qui sont diffusés par les sonos. Ils savent contrôler que le cortège tourne dans le sens imposé par le Préfet de police autour du bassin de l’Arsenal, et au besoin font accélérer la cadence pour respecter le rythme prévu. Ils sont vigilants pour empêcher que des « casseurs » ne s’immiscent dans le cortège, et sont prêts à les jeter dans les bras armés des forces de l’ordre capitaliste.
Alors quel ne fut pas mon étonnement en apprenant mercredi en revenant d’un rassemblement en solidarité avec les camarades placés en garde à vue d’apprendre qu’un militant de la CGT, membre du SO, avait été interpellé et devait comparaître jeudi.
Jeudi donc rassemblement devant un commissariat, puis un second commissariat, puis direction le Palais de justice, aussitôt arrivé-es nous fûmes gentiment nassé-es. Puis nous vîmes, enfin, arriver nos « camarades » de la CGT, relativement nombreux. Toujours organisé-es ils avaient imprimé de jolies petites feuilles « Je suis Laurent » du prénom du membre du SO interpellé. Après discussion avec quelques militant-es de base, j’appris qu’ils ignoraient toutes-tous l’existence d’autres manifestant-es interpellé-es la CGT déclarant « Lorsque l’on s’attaque à un militant de la CGT, c’est toute la CGT que l’on attaque. » Certes certain-es militant-es ont spontanément modifié leur feuille en « Je suis Laurent et tous les autres. »
Mais c’est bien là qu’est le point de rupture « camarade » de la CGT. Au lendemain des manifestations nous nous sommes rassemblé-es devant les commissariats en scandant « Libérez nos camarades », sans s’interroger sur leur appartenance ou non-appartenance syndicale ou politique, sans s’interroger sur le motif de leur interpellation. Nous continuerons à exiger la relaxe immédiate pour tous-tes les interpéllé-es, à réclamer une amnistie générale. Lorsque l’on s’attaque à un-e manifestant-e, c’est tous-tes les manifestant-es que l’on attaque.

Mots-clefs : répression | milice

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