Les maladies ne sont pas des métaphores

Comparer Valls, Macron ou Hollande au sida, à la peste ou au choléra, c’est insulter les personnes qui vivent avec ces maladies - et en meurent.

Des personnes en lutte contre la loi Travail ont jugé pertinent d’accrocher, au milieu d’autres panneaux, la petite affiche suivante :

Je n’ai pas voulu l’arracher, car j’avais peur d’emporter avec elle toutes les autres qui tenaient sur le même support de scotch étiré entre deux réverbères. Je n’avais sur moi qu’un crayon à papier. J’ai donc rayé le slogan et écrit en dessous « Stop à la stigmatisation des malades ».

Car c’est bien de cela qu’il s’agit, de stigmatisation des malades. La comparaison de Valls, Macron ou Hollande à la peste, au sida et au choléra n’apporte rien à la critique politique qu’on peut apporter à ces dirigeants. Elle est au mieux paresseuse, surfant sur les peurs et l’ignorance qui font le jeu de ces épidémies pour renforcer le rejet de ces hommes, mais elle ne dit rien de leur politique. Par contre, la métaphore cautionne et relaie tous les préjugés à l’égard des personnes qui vivent avec ces maladies et qui en meurent : personnes à combattre, à isoler, à enfermer.

Pour ne s’en tenir qu’au seul VIH, l’usage d’une telle métaphore s’ancre dans une lourde tradition : c’est Louis Pauwels qui l’a initié, en parlant de « sida mental des jeunes », pour décrire les manifestants opposés à la loi Devaquet en 1986.

Les maladies ne sont pas des métaphores. Il faut vraiment être enfermé dans une logique validiste pour penser que de tels slogans sont pertinents. Derrière le nom des maladies, il y a des personnes réelles, qui vivent pour de vrai avec ces maladies, et doivent subir les discriminations et le rejet qui y sont associés. Rejet renforcé par de tels slogans.

Mots-clefs : VIH

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