Hommage à Makomé, abattu à 17 ans dans un commissariat du XVIIIe d’une balle dans la tête

Le 6 avril 2014, un hommage lui a été rendu et une immense fresque a été créée sur le mur de la rue Ordener entre Marcadet-Poissonniers et Max Dormoy. La fresque est si longue qu’il est difficile de la saisir dans sa totalité en une seule image. Elle a donc été découpée de gauche a droite en essayant de respecter les différentes contributions.

Cet assassinat inspirera Mathieu Kassovitz qui réalisera le film La Haine. Il deviendra un acteur-réalisateur de renommée internationale tandis que pour Makomé…Ni Pardon, Ni Oubli.

De même, c’est un an plus tard, en 1994 que Maurice Rajsfus cofondera l’Observatoire des libertés publiques et son mensuel « Que fait la police ? » dans lequel ils recensent, dénoncent et rendent public la banalisation des pratiques policières délinquantes voire criminelles.

Fresque hommage à Makome mort assassiné par la Police - 6 avril 2014 - Paris
Fresque hommage à Makome mort assassiné par la Police - 6 avril 2014 - Paris
Fresque hommage à Makome mort assassiné par la Police - 6 avril 2014 - Paris

Il n’existe pas de décompte officiel des interventions policières ayant entraînées la mort caractérisées le plus souvent, après plusieurs années, par un non lieu, l’absence de poursuites judiciaires et lorsque celles-ci sont entamées, le plus souvent c’est l’acquittement, une peine de prison avec sursis pour les assassins de l’ordre. Mais la déqualification de l’acte comme dans le cas de Makomé ainsi : le verdict de la cour d’assises de Paris, qui condamne Pascal Compain a huit ans de réclusion criminelle, non plus pour meurtre, mais pour « violences volontaires avec arme ayant entraîné la mort sans l’intention de la donner » leur permet d’atténuer les éventuelles sanctions. Il est a remarqué que dans le cas de ces individus condamnés, les remises de peine sont toujours maximales et automatiques.

Fresque hommage à Makome mort assassiné par la Police - 6 avril 2014 - Paris
Fresque hommage à Makome mort assassiné par la Police - 6 avril 2014 - Paris
Fresque hommage à Makome mort assassiné par la Police - 6 avril 2014 - Paris

Ce que l’on peut dire après le discours ultra sécuritaire du premier sinistre M. Valls à l’assemblée, c’est qu’il y a eu 9 morts en 2011, 19 morts en 2012, 10 morts en 2013 et déjà 4 morts de trop en 2014, sans compter les blessés-es, les mutilés-es. Droite, Gauche, ça tire facile ; certes désarmer la Police pourrait être une solution mais ils donnent aussi la mort avec leurs mains, leurs genoux, par asphyxie comme dans le cas d’Ali Ziri, mort provoquée par une méthode de contention « non autorisée » : le pliage.

Fresque hommage à Makome mort assassiné par la Police - 6 avril 2014 - Paris
Fresque hommage à Makome mort assassiné par la Police - 6 avril 2014 - Paris
Fresque hommage à Makome mort assassiné par la Police - 6 avril 2014 - Paris

Et quand, ce n’est pas en uniforme, des réseaux fascistes se revendiquant de l’ appartenance à la police, réseau « honneur de la police », assassine en toute impunité. Ainsi le 20 septembre 1979, Pierre Goldman (Souvenirs obscurs d’un juif polonais né en France) est abattu par des tueurs de ce réseau, que la police judiciaire ne retrouvera jamais.

Fresque hommage à Makome mort assassiné par la Police - 6 avril 2014 - Paris
Fresque hommage à Makome mort assassiné par la Police - 6 avril 2014 - Paris
Fresque hommage à Makome mort assassiné par la Police - 6 avril 2014 - Paris

Hormis Notre Rage il ne reste que quelques coupures de leur presse : l’Humanité, L’express entre autres et quelques morceaux de Rap, dont celui-ci :

Piste 8 de : SUR LES CHEMINS DU RETOUR

« [Refrain]
J’habite où ? Dans tous les mauvais endroits et on me reproche
Quoi ? De le dénoncer et plaider la cause de mes proches
Qui ? Ceux qui sont pas de la France d’en bas mais celle d’ailleurs
D’ailleurs j’rêve du meilleur mais pour l’instant, j’habite où ?

Tous à la même adresse, un squat à Cachan
Avec le bled des Droits de l’Homme, j’ai pas d’histoires attachantes
Tu sais, j’ai renoncé aux cartes postales
Mais qu’est ce que je pourrais faire pour nos enfants ?
Je rêvais d’étoiles, parfois de tour Eiffel

Tous à la même adresse, avenue des Peupliers à Fleury-Mérogis
Repliés dans vos prisons et dans vos registres
Ici la vraie justice est assez rare
Demande-toi pourquoi les étrangers sont en surpopulation carcérale

Tous à la même adresse, rue de la Banque
Femmes et enfants SDF tu sais, rue de l’attente
Une tente sur le trottoir, c’est triste et désarmant
Puisque le logement est un droit, on a le droit de vivre décemment

Tous à la même adresse, Clichy-Montfermeil
Le ghetto pleure ses disciples et ne retrouve plus le sommeil
Et même, difficile de rester neutre
C’est parce que des flics ont tué des mômes qu’il y avait des mômes dans les émeutes

[Refrain]

Tous à la même adresse, commissariat du XVIIIe
Là où Makomé a perdu la vie et que Dieu soutienne
Sa famille face aux peines qui appauvrissent
On dit que la police nous protège, mais qui nous protège face à la police

Tous à la même adresse, église St-Bernard
Là où les CRS nous brisent, la où les droits deviennent rares
On est matraqués dans le repère du Seigneur
Au nom du Père, du Fils et du Ministère de l’Intérieur

Tous à la même adresse, au 20 boulevard Vincent Auriol
Ca sent l’horreur, il ne reste que l’odeur des cendres à l’aurore
Ma plume est pleine de remords, hier soir des noirs sont morts
Le saviez vous ? C’est énorme et c’était près de chez vous

Tous à la même adresse, Roissy Charles de Gaule
Centre de rétention, on y trouve même des mômes en détentions
Attention à la vie meilleure que t’a tenté de suivre
Le charter te ramène à la misère que t’a tenté de fuir

[Refrain]

Tous à la même adresse, agence de l’emploi
L’ennui, c’est qu’on est recalé des boîtes et même des boîtes de nuit
L’esclavage est sans gêne chez les charognards
Main d’œuvre étrangère exploitée par le travail au noir

Tous à la même adresse, banlieues malsaines
Bidonvilles de Marseille, bâtiments de Sarcelles
La misère qui harcèle, prends le mal à sa genèse
Et tu comprendras pourquoi on aime siffler la Marseillaise

[Refrain]

Et eux, ils habitent où ?
Ils ont leur adresse sur la place Beauvau
Leur arène va de la rue de Varenne jusqu’à la place Vendôme
Ils refont le monde dans les suites du Crillon
Ils se suivent à Matignon et ensuite finissent au Panthéon
Mon crayon ne saura pas les salir
Ils savent tout javelliser quand leur adresse se trouve à l’Élysée
Quant à nous, on cherche à déménager
Mauvaise adresse dans une France qui nous reproche de pas l’aimer assez
Origine immigrée, ptét ça terrorise
On nous demande de nous intégrer en même temps on nous ghettoïse
J’peux pas l’inscrire sur le Panthéon alors j’le chante
Aux immigrés, la patrie non reconnaissante »

Paroles rédigées par la communauté RapGenius France

Note

Une BD livresque (beaucoup de textes) que l’on trouve dans toute bonne biblio municipale : Pierre Goldman La vie d’un autre d’Emmanuel Moynot.

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