[Grèce] Syriza, pistolet sur la tempe ou limite d’un système ?

Après avoir ’’négocié’’ un 3e round de mesures d’austérité, Syriza s’est plié aux demandes de ses créanciers. La Troïka se réjouit, Jean-Claude Juncker en tête. Le président de la Commission européenne se permet de lancer « Le “Grexit” a disparu ». Dur coup pour la « gauche » européenne à la Podomos et autres.

Pendant qu’au Parlement grec, les députés votent pour mettre en place de nouvelles mesures d’austérité qui vont asphyxier encore plus les classes populaires, les camarades sont dans la rue afin de s’opposer au gouvernement et son État policier. Émeute dans les quartiers d’Exárcheia et d’Omónia.

Une source gouvernementale, Jean-Luc Mélenchon reprenant en partie la phrase, a déclaré : « Avec un pistolet sur la tempe, toi aussi, tu serais d’accord. » Après le mirage offert par le résultat du référendum, c’est une intense gueule de bois qui frappe la « gauche radicale ». Depuis le nouvel accord, un coup d’État financier est décrié et plusieurs mettent la faute sur l’Allemagne et la ligne dure soutenue par Merkel. Certes, le pays de la Volkswagen fait partie de l’opération de démantèlement de l’économie grecque. Cependant, les racines du problème ne se trouvent pas là. Elles sont beaucoup plus profondes et résident dans un système, le néolibéralisme.

Les limites concrètes de la sociale-démocratie.

Pour tout système d’organisation économique vient un système idéologique servant à le légitimer et le protéger. Le Capitalisme est le système économique dans lequel une minorité possédant les capitaux investis en entreprises exploite le travail de la majorité. Pour légitimer leur pouvoir, les capitalistes ont comme idéologie le Libéralisme. Cette idéologie suppose un choix et une restriction dans le pouvoir des gouvernants, mais donne le plein pouvoir économique à la classe possédante

Ce fait peut être observé aisément : Les « démocraties libérales » ne servent qu’à une chose : Les partis politiques qui les constituent sont financés ou promus par des entreprises capitalistes pour les aider à gagner leurs élections. Lorsqu’un parti est porté au pouvoir, il renvoie l’ascenseur à ses bienfaiteurs au moyen de crédits d’impôts, subventions, octroie de contrats et défraient les coûts d’infrastructures servant leur entreprise. Malgré ce que certaines personnes en pensent, l’État n’a de pouvoir que le pouvoir militaire et policier qui sert à défendre par la violence les entreprises capitalistes. Tout le reste n’est qu’une illusion de choix.

Les sociaux-démocrates interviennent au sein même de ce système, sans jamais en changer la racine, et préservent ainsi l’idéologie libérale et l’illusion de choix. Ils prétendent que l’exploitation peut être diminuée par un simple vote à tous les quatre ans. Pendant ce temps, le capitalisme continue d’exploiter, qu’il s’agisse de multinationales ou de PME, les banques et les organismes non gouvernementaux continuent leur domination économique, et le gouvernement continue d’utiliser la police pour réprimer violemment la population. Mais comment alors de tels partis peuvent arriver à se faire élire ?

Sans être en mesure de s’allier aux milieux financiers, les partis sociaux-démocrates n’ont ni ressources ni visibilité et sont forcés de s’approprier les mouvements sociaux, qui passent normalement par les grèves, les sabotages et les occupations. Ils s’attribuent le mérite de céder aux revendications des groupes militants, comme le Parti Québécois a fait au Printemps 2012 et comme Syriza s’accapare la lutte sociale grecque. Dans tous les cas, ces partis divisent les militants entre « bons » et « mauvais » afin de pousser non pas vers la victoire finale contre l’oppression, mais un compromis impossible avec cette dernière.

Ces partis souffrent toutefois d’une profonde contradiction : En pacifiant les mouvements sociaux, ils se coupent de leur base électorale et doivent ainsi, pour atteindre ou conserver le pouvoir, se travestir et s’allier à une frange de la bourgeoisie, renonçant ainsi à leurs promesses au profit de riches individus. En se pliant à leurs demandes, ils cessent immédiatement de défendre les travailleurs/travailleuses et défendent ainsi le capitalisme et ce qu’ils appellent « la démocratie » bourgeoise. S’ils n’arrivent pas à se plier suffisamment aux caprices des riches, ces derniers étouffent l’économie du pays. Dans les deux cas, la population se sent trahie et peut tomber dans un sentiment d’impuissance politique ou se tourner vers le fascisme.

Quelque soit l’issue, la sociale-démocratie ne fera toujours qu’aider à préserver le capitalisme.

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