Gennevilliers : compte-rendu de la réunion de « concertation » sur la destruction des logements à Victor-Hugo

Compte-rendu de la réunion de « concertation » du mardi 3 juin 2014 sur la destruction des logements à Victor-Hugo

La réunion commence par une prise de parole très prolongée des promoteurs du nouveau projet, la mairie.
Ils disent d’office qu’ils vont nous faire « travailler en petit groupe sur la partie de l’aménagement qu’ils VEULENT » (sic.). Donc pour le reste, nous, habitantes et habitants, ne sommes pas censés donner notre avis (ni être qualifiés pour le donner).
Ils confirment que le terrain de jeu derrière Victor-Hugo va être sans appel « déménagé » !

C’est la première fois que l’on voit un terrain de jeu pour enfants obligé de faire ses valises : autant le dire sans ambages, il va être détruit pour faire place à un immeuble privé (accession à la propriété).
Nous devons donc « travailler » sur un projet préétabli sur un terrain imposé (un tout petit lopin de terre derrière la tour Victor-Hugo) qui accueillera, tassés, des jeux pour 0-6 ans, des jeux pour 6-12 ans, et un jardin partagé.
Suit alors une présentation extrêmement favorable des jardins partagés…
Un truc cloche : tous les exemples présentés dans la démonstration (par exemple, Ecobox à la Chapelle, R’Urban à Colombes, etc.) sont plus grands que le misérable lopin de terre, caché derrière à l’ombre des bâtiments.
Alors que dans le projet imposé, les grands espaces verts ensoleillés sont voués aux rasages, aux bétonnages et réservés à l’achat pour les riches. (La ligne 15 qui arrive relie directement la Défense aux Agnettes : les cadres, ça rapporte plus que les arbres et les pauvres !)
La mairie dit que c’est comme ça, ils l’ont décidé. Nous signalons que c’est bizarre de faire « travailler » les gens sur l’aménagement déjà décidé d’un misérable lopin de terre sans donner les chiffres des Espaces verts qui vont être détruits auparavant. C’est méprisant, c’est même insultant.
Une agente municipale pourtant chargée des questions d’urbanisme nous explique qu’elle n’a pas les chiffres des « espaces libres » qui vont être détruits !!!
Oui ! ESPACES LIBRES ! Elle change le mot Espaces verts en « espaces libres ».
Libres comme… libre entreprise ? comme concurrence libre ? comme libre-échange ?
Nos espaces verts sont devenus des « espaces libres », libre pour le bétonnage !

Nous apprenons quand même parce que nous le demandons avec insistance que nous allons être casés dans le programme NPNRU (Nouveau Programme National de Renouvellement Urbain). Il s’agit de la reconduction du programme de spéculation sarkozyste, le PNRU (même signification sans « Nouveau »). Sauf que maintenant, tous les quartiers peuvent être restructurés, plus besoin d’être un « quartier sensible ».
En gros, il apparaît que nos Espaces verts doivent être remplacés par des mini « zones industrielles » avec peu d’impôts pour les patrons et « éloignement » des « indésirables ».
(La mairie a même prévenu qu’elle mettrait des « usines » (sic.), rue des Bas, avant de se reprendre en parlant d’« ateliers ». En fait, il y a plus de chance qu’une fois construits, ces locaux restent vides comme à Gabriel-Péri en face de la Cité-Rouge ou qu’ils soient occupés par de grosses boîtes de comptabilité comme rue Claude-Debussy…)
La mairie dit attendre la réponse de l’ANRU pour septembre, soit seulement 2 mois. Après, disons-le clairement, ce sera vraiment la merde pour nous.
Plusieurs habitants regardent le plan du projet de restructuration du quartier affiché au fond de la salle de réunion. Des habitantes découvrent que leur logement est voué à la destruction. Ça fait un coup ! Surtout quand on a passé trente ans de sa vie ici. Pourquoi cette destruction ? Pour faire passer une route…
Une agente municipale nous jure que la mairie a prévu un désamiantage en cas de démolition. Mais elle est incapable de nous dire quand, comment et combien. Elle parle de prévisions budgétaires qui seront sûrement dépassées, mais ne veut pas nous donner de chiffres au nom du droit de réserve. C’est pire que la grande muette, le service public municipal ! (Merci la concertation, vachement transparente…)
On découvre encore sur la carte du projet dessinée en 2012 par l’agence Bécard & Palay (« avec consultation des habitants » nous dit la mairie, mais parmi nous, personne n’est au courant de cette consultation, curieusement), que tous les bâtiments vont être résidentialisés. C’est-à-dire entourés de murs et de barreaux comme ça a déjà été fait rue Julien-Mocquard.
Alors un adjoint, manager en chef du quartier, nous raconte des histoires comme quoi il n’aime pas les murs et veut mettre des haies (bah ouais ! c’est lui qui décide pour nous…).
Or nous savons bien que ces haies sont conçues pour remplacer les murs : avec des picots et très denses, elles sont hostiles aux rencontres entre habitants, empêchent un raccourci pour aller à la supérette ou pour courir attraper son bus. Il s’agit de méthodes sournoises des sécuritaires pour nous enfermer chez nous et transformer notre quartier en cage.
Le plus beau c’est qu’il rajoute que ce sont les services techniques qui ont construits tout seuls les murs de la rue Julien-Mocquard ! Comme ça ! ils ont piqué dans le portefeuille de la mairie sans qu’on leur demande. Ou alors ils ont placés ces gros blocs de granit hideux sans l’aide de Vinci. Avec leurs petites mains, tout seuls !
Cela révèle l’incompétence totale avec laquelle la mairie distribue notre argent sans vérification à des bétonneurs et sans notre avis, mais aussi le mépris de classe terrible envers les subalternes, qui consiste à tout leur mettre sur le dos ensuite…
Dans les deux cas, nous voyons bien que nous ne devons pas faire confiance à ceux qui prennent la parole à notre place.

À ce jour, la mairie refuse aussi de nous communiquer les plans du projet et les chiffres sur le quartier (sur Internet, notre quartier est très coté par les agences immobilières qui, elles, ont accès à ces chiffres).

Nous précisons que nous, Collectif des Agnettes en colère, avons demandé une salle pour un débat contradictoire qui a été refusée avant les élections municipales. À ce jour, tout débat contradictoire est toujours refusé. Nous pouvons l’organiser indépendamment de tout promoteur : il suffirait que la mairie nous laisse accéder à la Bourse du travail, à l’Espace AGIR (promis à la destruction dans leur projet), à la MDC ou à la Salle de réunion des colocataires.
Ce grand nombre de salles disponibles devrait pourtant être accessibles à nous tous et faciliter nos rencontres !
À ce jour, la mairie refuse aussi de nous communiquer les plans du projet et les chiffres sur le quartier (sur Internet, notre quartier est très coté par les agences immobilières qui elles ont accès à ces chiffres).
À ce jour, la mairie refuse d’accorder une salle aux habitants pour qu’ils discutent indépendamment de ce qu’ils veulent pour leur quartier.

Prochaine réunion décidée par la mairie : le mardi 24 juin 2014, 18h, à la Salle de réunion des colocataires au 21, rue Victor-Hugo (sauf changement impromptu).

Soyons nombreuses et nombreux pour défendre notre tiéquar (quartier).
Nous n’obtiendrons que ce que nous irons prendre.

Note

Contacts :
Les Agnettes en colère
lesagnettesencolere@gmail.com
06 33 62 38 63

Localisation : Gennevilliers

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