Frédéric Lordon, de République à Nation

Texte écris par un militant d’alternative libertaire montpellier et paru sur Le Pressoir. Nous pouvons lire une critique de la figure de l’« intellectuel engagé », du nationalisme de gauche, etc. Nous avons pu entendre ces critiques notamment lors du débat « De quoi le citoyennisme est-il le nom ? »

La figure de l’intellectuel engagé

Frédéric Lordon se présente explicitement comme un intellectuel engagé, inséré concrètement dans la lutte. Mais qu’en est-il de cette insertion concrète ? Elle semble se manifester essentiellement à travers un ensemble d’articles et d’ouvrages théoriques assez complexes, et quelques discours un peu démagogiques prononcés à l’occasion des Nuits Debout, ou dans le cadre du mouvement social contre la « loi travail », face à une foule souvent acquise à sa cause. Mais un militantisme plus modeste, consistant à coller des affiches, à participer activement à des opérations locales de blocage économique, sans caméra et sans relai médiatique, semble être moins sa tasse de thé.

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Lordon et l’État

Dans son dernier ouvrage, Imperium (sorti à la fabrique cette année), Lordon s’en prend aux anarchistes et aux libertaires, les jugeant naïfs et adolescents, quoique sympathiques, et ce en vue de les « dégriser », afin de les rendre enfin adultes et réalistes.

Il affirme d’abord que le principe de la verticalité est un principe nécessaire dans toute société organisée. Il se réfère pour « prouver » ce fait d’abord à la sociologie holiste de Durkheim : selon Durkheim, dans une société organisée, le tout est plus que la somme de ses parties ; le tout excède la somme des parties. Cette excédence du tout sur les parties produirait une forme de transcendance nécessaire, de verticalité nécessaire au sein de la société : les normes morales ou légales, par exemple, diffusées par des instances autoritaires et institutionnelles, découleraient de l’excédence du tout sur ses parties, ces normes seraient donc inévitables et nécessaires, propres à tout groupement humain. Cette analyse est complétée par une référence à Spinoza : les humains pour se regrouper auraient besoin d’être affectés par un affect commun (la pitié, l’envie, etc.), et cet affect commun définirait un élément de transcendance et de verticalité, cristallisé dans des instances institutionnelles hiérarchiques.
Sur cette base, Lordon propose son axiome : toute société politiquement organisée suppose l’existence d’un État, qu’il appelle État général. L’État républicain moderne en régime capitaliste ne serait qu’une forme particulière de l’État général, parmi tant d’autres.

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