Le « plan vigipirate » participe de ce contrôle permanent. Il n’est pas un état d’exception, ni orienté vers une menace extérieure, mais précisément contre une menace intérieure, c’est-à-dire chacun d’entre nous. Il n’est pas censé te rassurer ou être efficace, il est censé te dissuader et te faire peur. Il permet non seulement de contrôler mais de disposer l’armée dans toute la ville.
Le « plan vigipirate » et l’aseptisation ne sont que deux pans du même contrôle sur les populations : la suppression des possibilités d’affichage au sein de l’Université Paris 8 intervient pendant cette période de sécurisation. Quel rapport avec une quelconque menace terroriste ?
L’aseptisation, le contrôle systématique et la suspicion généralisée n’ont rien à voir avec un terrorisme, qui se définit par lui-même comme imprévisible. Cette aseptisation par l’urbanisme, que l’on nomme souvent gentrification, ce contrôle systématique dans les transports, à l’entrée d’une bibliothèque ou d’un musée comme la suspicion de la voisine quand tu reçois des gens pas assez propres et blancs, eux, ont à voir avec le contrôle social. Tout comme les justifications perpétuelles que tu dois fournir pour faire quoique ce soit dans ta vie.
Auparavant on mettait les hommes en prison après qu’ils se soient rebellés, à présent ils y sont déjà.
Le contrôle social est une manière de tuer dans l’œuf toute subversion. Pour cela, on fait de nos lieux de vies des taules. C’est dans ce type de lieux de sociabilité que sont produites des remises en cause d’un ordre établi, parce que l’on peut s’y réunir, y partager des idées et s’organiser. Or, la période est instable : émeutes de banlieue, émeutes contre les grands projets, émeutes contre les flics. C’est parce que la période est instable qu’il est nécessaire pour le pouvoir de contrôler. Une université peut porter ce genre de désordre car elle est le point de contact entre une population estudiantine et banlieusarde. Ces deux populations doivent, pour le pouvoir, être séparées parce qu’elles ont porté des contestations offensives contre l’ordre établi ces dernières années. Contestations qui auraient pu être décuplées par la rencontre de ces deux populations.
Une des meilleures manières de contenir un peuple est de braquer les canons sur lui à la première menace extérieure. Cet adage, historiquement convenu, nous le vivons ici et maintenant.
Etant donné qu’il s’agit d’anéantir toute subversion, le contrôle ne se limite pas aux lieux.
Caméras de vidéos surveillance, fichage ADN, écoles, administrations, taules, HP, services sociaux, préfectures, centres de rétention, contrôles mécaniques et humains dans les transports sont les instruments du contrôle tourné contre nous. Depuis Janvier, c’est en armes que l’on voit défiler les services de l’État. Ces mêmes armes qui se braquaient sur nous lors des manifestations en soutien à la Palestine en Juillet 2014 ou sur les ZAD depuis quelques années. Et petit à petit, le contrôle et la répression sont permanents. On ne tombe pas des nues, on ne dira pas non plus « On vous l’avait bien dit ».
Mais ce cran de plus dans la soumission générale n’est pas plus supportable que les crans précédents.
Non au contrôle des papiers !
Liberté de circulation !
Le « plan vigipirate », est tourné contre toi, permet de te contrôler et d’anéantir toute contestation.
➢ Parce qu’il atomise entendu qu’il se fait sur chaque individu et empêche toute possibilité de riposte collective.
➢ Parce qu’il empêche toute contestation en profitant de la période pour interdire tout affichage sous couvert de rénovation. C’est cela précisément l’aseptisation pour gentrifier.
➢ Parce qu’il empêche toute liberté de s’exprimer et de circuler.
➢ Parce qu’il empêche toute manifestation trop remuante.
Le refus de présenter son identité, est dur lorsque l’on est seul,
mais à 9 h du matin, quand on est plusieurs milliers, c’est un jeu d’enfant.
Le refus du contrôle des cartes d’étudiant n’est pas qu’un droit, c’est une nécessité.
Ce n’est même pas faire preuve de lutte contre ce monde,
mais juste refuser de courber l’échine une fois de plus.
Des récalcitrants