Etat d’urgence : le pire est à venir

Vous trouviez que l’état d’urgence constituait un recul des libertés ? Vous pensiez qu’il était dangereux de céder ainsi à la peur ? De troquer nos droits les plus élémentaires contre l’illusion de la sécurité et une rhétorique belliciste ? Ce n’était pourtant qu’un amuse-bouche. Voici le plat de résistance qu’ils s’apprêtent à nous servir.

À en croire l’enquête publiée ce mercredi 2 décembre dans les colonnes du Monde, l’exécutif élabore en ce moment plusieurs réponses aux attentats du 13 novembre à Paris et Saint-Denis. Il y a l’inscription dans la Constitution de l’état d’urgence (jusqu’ici un peu bancal juridiquement) et de la déchéance de nationalité (jusqu’ici défendue par le Front National).

Mais il y a mieux. Deux lois seraient en cours de rédaction qui renforcent largement les pouvoirs du Parquet et de la police… en temps normal :

“ La possibilité de saisie par la police de tout objet ou document lors d’une perquisition administrative, sans contrôle du procureur, une mesure peu spectaculaire mais politiquement significative. Tout comme les perquisitions de nuit, la création d’un délit d’obstruction de la perquisition administrative, l’interconnexion globale de tous les fichiers, notamment ceux de la sécurité sociale, très complets, l’élargissement des possibilités de vidéosurveillance dans les lieux publics, l’assouplissement du régime de la légitime défense pour les policiers ou encore l’installation systématique de GPS sur les voitures de location, l’injonction faite aux opérateurs téléphoniques de conserver les fadettes pendant deux ans, contre un aujourd’hui, la garde à vue en matière terroriste portée de six à huit jours, l’utilisation des IMSI-Catchers, ces valisettes antenne-relais siphonnant dans un périmètre donné toutes données téléphoniques sans autorisation judiciaire.”

Si nous sortons un jour de l’état d’urgence - ce qui est loin d’être gagné puisque Valls parle déjà d’une nouvelle prorogation après les trois mois déjà votés - les flics pourront donc continuer d’agir en toute tranquillité dans le régime du soupçon et de la présomption de culpabilité.

Toutes prévisions qui ne font que renforcer l’intérêt des mobilisations à venir contre l’État policier et ses dérives violentes.

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