Defend Europe ou l’épilogue d’un naufrage

Communiqué de DEFEND MEDITERRANEA*, réseau antifasciste et solidaire méditerranéen contre l’expédition identitaire Defend Europe et l’Europe forteresse
* Le réseau DEFEND MEDITERRANEA est composé de camarades antifascistes, antiracistes et solidaires de Méditerranée qui ont participé au blocage du navire C-Star à Suez puis à Chypre et qui l’ont empêché de faire escale en Crète, en Sicile puis en Tunisie.

Croisière raciste en mer, enfer libyen et politiques migratoires mortifères

Comment continuer à croire que cette fumisterie en bande organisée a, d’une façon ou d’une autre, été la cause d’un ralentissement des départs de bateaux de réfugié-e-s alors qu’il est avéré aujourd’hui, qu’un accord financier odieux entre l’Italie, la France et des milices en Libye est probablement à l’origine de ce ralentissement ?!! Les êtres humains retenus en Libye sont rackettés, torturés voir tués !

Le 27 juillet dernier. Emmanuel Macron avait déclaré son intention de "créer des hotspots (centres d’examen) en Libye" afin d’examiner les demandes d’asile de migrant-e-s avant leur arrivée en Europe. "Je souhaite que l’Union européenne, et à tout le moins, la France le fera-t-elle, puisse aller traiter les demandeurs d’asile au plus près du terrain, dans l’État tiers le plus sûr, proche justement des États d’origine".

Communiqué rapidement repris dans la soirée par l’Élysée qui a repoussé l’échéance de l’été annoncée par le président, précisant qu’une mission de l’Office Français de Protection des Réfugiés et des Apatrides (OFPRA) serait envoyée sur place fin août pour étudier la faisabilité en Libye, au Niger et au Tchad.
"Nous avons identifié une zone, qui est le sud libyen, le nord-est du Niger et le nord du Tchad" pour installer "des centres avancés" de l’OFPRA, a déclaré l’Élysée. En Libye même, "ce n’est pas possible aujourd’hui, mais ce peut être le cas à courte échéance (...). Dès fin août, nous aurons une mission de l’OFPRA pour voir comment il est possible de mettre ça en place", a précisé l’Élysée.

Dimanche 6 août, le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb affirmait que ces structures seraient mises en place "dans des pays situés au sud de la Libye", à cause de la situation sécuritaire dans le pays, devenu le point de départ de nombreux migrants.

Khalifa Haftar, à la tête de l’Armée nationale libyenne, estimait le samedi 12 août à « 20 milliards de dollars sur vingt ou vingt-cinq ans » l’effort européen nécessaire pour aider à bloquer ces flux : "Le président français Emmanuel Macron « m’a demandé ce dont on a besoin, je suis en train de lui envoyer une liste », précise le maréchal Haftar. Dans la liste figurent « des formations pour les gardes-frontières, des munitions, des armes, mais surtout des véhicules blindés, des jeeps pour le sable, des drones, des détecteurs, des lunettes de vision nocturne, des hélicoptères ». L’idée est d’installer des campements mobiles de 150 hommes au minimum tous les 100 kilomètres, a-t-il encore détaillé. "

Bruxelles finance déjà à ce jour la Turquie à hauteur de 6 milliards d’euros (plan d’action du 18 mars 2016, depuis constamment "renforcé") pour le contrôle de réfugié-e-s, le plus souvent dans des conditions effroyables, avant des pressions ou renvois forcés vers des pays le plus souvent en guerre.

L’Italie est soupçonnée d’avoir acheté les services de trafiquants libyens pour stopper les départs et arrivées des migrant-e-s et elle s’appuierait sur des milices libyennes dans la zone de Sabratha elles-mêmes composées d’importants acteurs du trafic d’êtres humains vers l’Italie. Ils sont accusés de commettre viols, tortures et assassinats à grande échelle.

Ce qui pourrait expliquer la baisse spectaculaire du nombre de migrant-e-s qui tentent de traverser la Méditerranée depuis les côtes libyennes et non pas grâce à un rafiot en ruine avec des vaniteux de l’extrême droite européenne venus faire croire que leurs agitations ridicules de communication avaient un poids quelconque sur ces négociations et sur l’arrêt cet été de certains bateaux de sauvetage en mer.

Defend Europe représente l’idéologie montante des idées racistes et anti-migrant-e-s de l’extrême droite européenne, dont les gouvernants des États européens et ceux du Sud et l’Est de la Méditerranée ne font que renforcer via leurs politiques de plus en plus sécuritaires, violentes, et racistes. Quand les migrant-e-s sont férocement réprimés à tous les passages frontières, quand les gardes côtes libyens tirent à balles réelles sur des bateaux en train de sauver des vies, quand un navire de l’armée tunisienne percute une embarcation de migrant-e-s ces derniers jours se soldant par plusieurs dizaines de morts, c’est cela l’Europe forteresse = une politique totalement mortifère avec l’appui des armées des pays du pourtour méditerranéen.

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