De la neutralité des médias

Acrimed, l’observatoire critique des médias, livre ici une analyse intéressante du discours médiatique censé traiter l’actualité sociale. Relevant et mettant en perspective les occurrences et l’uniformisation du propos, d’un média à l’autre, le constat de partialité est accablant.
Le blog Big Browser du Monde, revient sur ces collusions politico-médiatico-patronales.

On le sait, les grands médias souvent mésinforment, désinforment, au moins autant qu’ils ne remplissent leur mission première, pour certains. Tenus par le bas avec la pression de l’audimat et par le haut avec la pression des commandeurs, ils préfèrent les satisfaire plutôt que s’astreindre à une déontologie faisant cruellement défaut.

Cet article d’Acrimed revient essentiellement sur deux « grands » moments de journalisme politique, sur TF1 et France 2. Relevant les ingrédients sémantiques de JT à la solde d’un conglomérat que l’on connaît, l’auteur met en lumière cette propagande que l’on aura servie à des millions de foyers pendant le mouvement social contre la loi travail.
Censés être informés, aussi et surtout, des raisons de la colère, les habitants auront en fait été guidés dans leurs réflexions sur... certains moyens de lutte : violences (des « casseurs », rarement d’ailleurs), la CGT et sa radicalisation, la gêne des usagers...
Exit les revendications et donc, le respect des manifestant-es un tant soit peu.
La presse écrite et la radio n’étant pas en reste, l’auteur analyse le champ lexical de médias ouvertement partisans.

Citant l’article ci-dessus, le blog Big Browser dresse un portrait connu mais toujours aussi peu rassurant des ramifications entretenues dans les hautes sphères, contre la Rue.
Collusions évidentes et, d’un banc à l’autre, des mots qui se ressemblent : la loi travail a le mérite de clarifier les positions...

Malheureusement, le « droit à l’information » ne figure pas de manière formelle et explicite dans la Constitution. Etroitement lié à la liberté de la presse, il en dépend complètement mais n’en est pas distingué de manière juridique, législative.
Encore une belle lacune sur le chemin de la vérité.
Rappelons tout de même ces quelques points extraits de la décision du Conseil constitutionnel n° 84-181 DC, du 11 octobre 1984. Visant à clarifier ce droit à l’information dans un pays prétendument démocratique, ces préconisations législatives sont malheureusement peu exploitées.

38. (...) le pluralisme des quotidiens d’information politique et générale auquel sont consacrées les dispositions du titre II de la loi est en lui-même un objectif de valeur constitutionnelle ; qu’en effet la libre communication des pensées et des opinions, garantie par l’article 11 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, ne serait pas effective si le public auquel s’adressent ces quotidiens n’était pas à même de disposer d’un nombre suffisant de publications de tendances et de caractères différents ; qu’en définitive l’objectif à réaliser est que les lecteurs qui sont au nombre des destinataires essentiels de la liberté proclamée par l’article 11 de la Déclaration de 1789 soient à même d’exercer leur libre choix sans que ni les intérêts privés ni les pouvoirs publics puissent y substituer leurs propres décisions ni qu’on puisse en faire l’objet d’un marché ;

59. (...) en vue d’assurer les objectifs de transparence et de pluralisme, il était loisible au législateur d’exiger que chacune des publications visées à l’article 14 possède une « autonomie de conception » (...)

69. (...) le titre III de la loi, dans ses articles 16 à 25, institue une commission pour la transparence et le pluralisme de la presse (...)

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