De l’usage des test osseux aux entretiens d’évaluation, ou Comment règne l’arbitraire de la ville

Un article du collectif « Reconnaissance Mineurs » qui s’inscrit dans la lutte actuelle contre la Mairie de Paris et la PAOMIE gérant le tri des mineurs isolés étrangers ainsi que leur (non) hébergement. Il explique la législation actuelle pour ce qui est des conditions d’accueil des mineurs isolés, et la politique menée, évidemment violente, que ces jeunes subissent au quotidien.

1. Depuis quelques temps, une pétition contre l’usage des tests osseux circule sur internet signée par de nombreuses personnalités reconnues du monde médicale, scientifique et universitaire, notamment. Cette "expertise", réalisée au terme des évaluations successives des "mineurs isolés étrangers", est très largement décriée, à juste titre, tant pour sa méthode et son esprit, que pour son caractère scientifiquement hasardeux. Mais ce qui est moins connu, ce sont les entretiens d’évaluations réalisés en amont, par la Paomie et la Dases, sur lesquels se fondent en bonne partie, les décisions ultérieures, pour une admission des mineurs isolés étrangers à l’ASE (Aide Sociale à l’enfance), afin d’être protégés par la loi relative à la Protection de l’enfance. La Paomie (Permanence d’Accueil et d’Orientation des Mineurs Isolés Etrangers), gérée par France Terre d’Asile, association mandatée et subventionnée par la Ville de Paris, ainsi que la Dases (direction de l’action sociale, de l’enfance et de la santé) dépendent directement du département et agissent selon les instructions de Madame Versini, adjointe à la Maire de Paris, en charge de la protection de l’enfance.

Le défenseur des droits, nombre d’associations, le centre Primo Levi, comme de nombreux bénévoles et militants ont mis à jour les pratiques arbitraires de ces évaluations. Dans les faits, elles ne servent pas à déterminer l’âge de ces jeunes (la minorité), ou la situation (l’isolement), mais à les dénier de la manière la plus arbitraire et brutale qui soit. Il ne s’agit pas de dysfonctionnements, que la refonte annoncée de la Paomie permettrait de régler. L’objectif est plus simplement d’écarter du dispositif national de protection ces jeunes, originaires d’Afrique subsaharienne, d’Afghanistan ou d’ailleurs, sous prétexte qu’ils représentent une "charge" trop importante pour les départements. L’argument du nombre de « jeunes migrants »- selon les propres termes de Madame Versini- en hausse ces dernières années est régulièrement évoquée, comme pour mieux justifier une politique d’abandon : des adolescents sans hébergement ni le soir, ni le jour, livrés à eux mêmes et sans aucune prise en charge de leurs besoins vitaux et quotidiens, qu’il s’agisse de la nourriture, des vêtements, de leur hygiène, d’un accompagnement socio-éducatif, etc.

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Mots-clefs : mineurs isolés
Localisation : Paris

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