Contribution : Qu’est ce que « Génération Ingouvernable » ?

Une question revient à chaque assemblée ingouvernable. Qu’est que la « Génération Ingouvernable » ? Un texte rédigé à plusieurs propose d’ouvrir une discussion, tout en invitant les gens à y répondre, pour confronter nos idées, nos visions et nos trajectoires, ainsi qu’à démontrer que c’est de la pluralité des positions que nous pourrons produire du commun, dans nos luttes et ailleurs.

Dans un article de La Croix, Stefano Dorigo dit : « […] né d’une rencontre organisée à Montreuil, le week-end des 28 et 29 janvier, il veut être le laboratoire d’une critique radicale du dispositif de la présidentielle. Il défère là aussi surtout des jeunes, voire des très jeunes, lycéens et étudiants, qui ne se retrouvent pas dans l’action politique étudiante traditionnelle. Ce n’est plus une approche abstentionniste de tradition anarchiste, mais une tentative de construction d’une approche critique et active de la présidentielle »

Est-ce cela Génération Ingouvernable ou le camp de l’ingouvernabilité ?

La dernière AG a poussé certains d’entre nous à tenter de formuler clairement ce qu’est l’espace de Génération Ingouvernable, car cela semblait peu clair à ce moment là.

Nous pensons qu’il est important de clarifier ce point pour deux raisons. D’abord, pour « nous » et ce qui « nous » lie dans ce processus, ainsi que pour rendre lisible au monde extérieur la tentative politique derrière l’idée de se rendre « ingouvernable ».

Pour le moment, « nous » partageons le fait de ne pas « nous » sentir représentés par la classe politique. Les élections sont pour « nous » l’occasion de rendre une chose pour laquelle nous n’avons toujours pas trouvé de mots : un autre plan de réalité, le fait que « nous » sommes nombreux à ne rien attendre du monde capitaliste et des structures politiques qui le gèrent, le fait qu’il y a d’autres plans de réalité sur le même territoire qu’occupe le capitalisme, le fait que les « abstentionnistes » ne font pas que « ne pas voter » mais s’organisent pour vivre, penser par eux même et attaquer l’inacceptable.

Le mouvement ingouvernable n’est pas le lieu d’une position politique arrêtée, « nous » ne sommes pas un parti. Les personnes qui se sentent touchées par cette idée agissent à leur propre échelle, partent de leurs propres réalités, le seul endroit ou l’on peut agir. Les horizons sont donc divers et variés. « Nous » ne prétendons pas trouver une solution à la faim dans le monde, au chômage, à la crise migratoire. « Nous » ne prétendons pas non plus être assez fort pour renverser les gouvernements qui permettent et organisent ce désastre. Pourtant certains d’entre « nous » ouvrent des ouvrent des lieux pour des migrants dans leur fac ou ailleurs, d’autres se battent physiquement contre l’État et ses symboles, d’autres s’organisent ensemble pour bien manger sans débourser d’argent. Les initiatives sont multiples, « nous » ne les connaissons pas toutes. « Nous » avons des positions politiques différentes, « nous » avons aussi des manières d’agir qui sont différentes.
Ce qui « nous » rassemble, c’est de ne pas se sentir en adéquation avec ce monde et de vouloir agir.
Le fait d’être dispersé.e.s géographiquement et sur différentes luttes est à la fois notre force et notre faiblesse. Partir de là ou nous nous trouvons, là ou nous pouvons agir est pour nous la seule manière de faire. Nous ne proposerons pas de programme pour toute la France, Paris ou un de ses arrondissements. Par contre, en rester là est insuffisant, car ce à quoi nous faisons face est énorme : le capital, l’État, les désirs que suscite le capitalisme. C’est pour cela que l’idée de Génération Ingouvernable est née. Pour sortir du sentiment d’impuissance face à cette énormité, pour arrêter de se sentir tout petit.

Encore une fois, il ne s’agit pas que des groupes et individus rejoignent une pensée ou un mode d’action. Il s’agit de se connaître pour pouvoir d’abord être solidaire ainsi que partager un plan stratégique. Cette dernière chose n’est pas un but en soi, c’est nécessaire si l’on souhaite agir ensemble, composer ensemble. Nous devons avoir l’ambition d’être une force d’intervention partout où nous nous trouvons : lieux de travail, facultés et lycées, rues et boulevards, campagnes et mers. Beaucoup le sont déjà, d’autres souhaiteraient la rejoindre.

Génération Ingouvernable n’est pas un groupe, une fédération de manifestants, d’étudiants, de lycéens, de militants, d’artistes ou de voyageurs. Génération Ingouvernable est ce qui lie ces gens et ces sphères entre elles. Ce lien, c’est la volonté d’agir et l’ambition d’arracher des victoires, du temps et de la place.

Note

La prochaine assemblée « Génération Ingouvernable » aura lieu le jeudi 30 mars au soir (l’horaire et le lieu seront précisés en début de semaine)

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