BFMTV & le mirage du propriétariat dans la classe ouvrière

En réalisant ces interviews orientées de travailleurs du bâtiment, les acteurs médiatiques de la société de consommation font passer la plus fadasse des soupes de l’idéologie dominante. Que ce soit le rêve du propriétariat associé à la tête baissée face à l’exploitation ou la défense de l’intérêt patronal contre sa santé au travail, les grands perdants de ces spots médiocres sont les travailleuses et les travailleurs du bâtiment eux-mêmes.

Décryptage d’une interview se servant d’un travailleur du bâtiment pour passer le discours de campagne sarkozyste.


En réalisant ces interviews orientées de travailleurs du bâtiment, les acteurs médiatiques de la société de consommation font passer la meilleure des soupes de l’idéologie dominante : le rêve du propriétariat associé à la tête baissée face à l’exploitation.
Loïc et ses états d’âme, BFM et le figaro s’en foutent mais ils se servent de lui. Le scénario a déjà été écrit et il s’agit de trouver un gars du bâtiment pour l’illustrer. Loïc est un bouche-trou, Loïc a t’il répondu aux mêmes questions de la voix off ? Sûrement pas. Ça s’entend nettement. Ses réponses ne correspondent aucunement aux affirmations de la voix off.

Dans ces conditions, n’importe qui fait l’affaire.

L’omniprésence de la voix off dans cette interview montre que peu importe ce que pourrait dire Loïc, le vrai héro de cette interview sont les théories droitardes assénées selon le scénario pré-écrit. C’est cette voix off qui a le plus de temps de parole, l’introduction, la conclusion et le déroulé de l’interview.

Loïc se fait enfler par BFM, par le Figaro, et avec lui l’ensemble des ouvriers du bâtiment.

1) Voix off : « Avec 2000 euros par mois, Loïc ne se plaint pas ».

Dés le début, on pose le décor. Un bon salarié est un salarié docile. C’est un salarié qui n’est pas du genre à réclamer une augmentation à son patron pour améliorer sa situation financière, et encore moins pour l’ensemble de ses collègues. C’est un salarié docile qui plaide pour quelques miettes supplémentaires. C’est un salarié docile qui voudrait que la pression fiscale baisse un peu. Quoi, « la pression fiscale » ? Mais jamais jamais un ouvrier n’utilisera le terme de pression fiscale...

En fait Loïc ne répond pas à ça. Il commence par dire non. Il souhaite que l’essence baisse et ses impôts aussi. Et pourquoi Loïc veut-il la baisse de l’essence ? Car Loïc est en déplacement souvent. Il travaille pour l’entreprise Garcia TP située aux environs de nevers. Cette entreprise œuvrait-elle sur le chantier des grésillons au nord de Paris ? Loïc y était peut-être en déplacement à 275 km de chez lui ? C’est peut-être pour cela qu’il ne peut voir son fils qu’en période de vacances scolaires ? Où alors c’est peut-être à cause d’un divorce dû aux absences longues à cause du travail ? Loïc travaille peut-être aussi le week-end ? Loïc paye peut-être aussi l’essence de sa voiture qui n’est sûrement pas de fonction pour rentrer chez lui le soir ?

2000 euros, n’en déplaise à la voix off, c’est un salaire de misère dans ces conditions de travail. Loïc devrait se plaindre. Mais au fait, la répétition insistante du verbe « se plaindre » par la voix off - à connotation négative - ne vient-elle pas masquer un contre-emploi, ne déplace-t-elle pas un terme du champ lexical de la lutte par un autre du champ lexical de la défaite, de l’impuissance, de la résignation.

Le patron se plaint de ses ouvriers, quand ils sont en grève générale. Les ouvriers revendiquent des avancées sociales : ils s’organisent et luttent, quand ils comprennent que se plaindre n’avance à rien.

La sémantique de la voix off... toujours la sémantique de la voix off...

La suite sur le site du Syndicat Unifié du Bâtiment (CNT)

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