Après le 09 mars ?

J’ai les nerfs contre ce qu’il se passe. J’ai l’impression qu’il y a moyen de faire quelque chose de grand mais j’ai aussi l’impression que tout le monde s’en branle.
Je savais pas quoi faire alors j’ai écrit ça. Ça se voulait un appel à se réveiller, à quitter son clavier et à aller cramer le Medef, le parlement puis l’Élysée. Ça se voulait un appel à poser des barricades et à y rester discuter. Bon j’ai merdé il n’y a rien de ça dans mon texte...
Maintenant je sais plus quoi en faire alors je vous le transmets.

La lutte contre la réforme du Travail a mobilisé beaucoup de monde le 09 mars. Se pose maintenant la question du "et après ?".

J’ai peur, peur qu’il n’y ait pas d’après. J’ai peur que le gouvernement nous manipule. J’ai peur qu’il fasse le choix de modifier sa loi, d’arrondir les angles. J’ai peur que les syndicats acceptent. J’ai peur que la mobilisation se lasse ou que pire, tout le monde rentre chez soi le cœur gonflé d’orgueil par cette « victoire ». Il y a certaines choses qui sont presque jouées d’avances. Il me parait évident que le gouvernement va tenter de nous la mettre à l’envers. Évident qu’il reculera sur certains points pour mieux nous pourrir par derrière et ressortir tout ça en douce dans les années suivantes. Évident que de nombreux syndicat s’en contenteront, pire s’en réjouiront. Là ce sera à nous de jouer, de décider si réellement nous nous satisfaisons de cette pseudo victoire ou si nous voulons plus. Là réside l’espoir. Dans la mobilisation elle-même. La vraie, celle qui ne défile pas sous la bannière des institutionnels. Celle qui se rassemble dans les AG de rue, de fac, ou de lycée. Celle qui discute dans les couloirs d’entreprises ou entre copains. Celle qui se constitue librement au fil de sa colère et cherche une nouvelle voie. Mon espoir c’est que le mouvement réussisse à prendre de l’ampleur, à prendre conscience de sa force et qu’il réussisse à muter en quelque chose de nouveau, de différent.

Pour moi il doit muter en un mouvement de révolte générale. L’ensemble des acteurs de ce mouvement doit comprendre que ce projet de loi n’est pas le véritable problème et qu’il ne faudra surtout pas s’arrêter après le recul du gouvernement sur ce projet. Il faut qu’on trouve un moyen de faire en sorte que la colère des profs, des services hospitaliers, des banlieusardes, des cheminots, de tous les putains d’exclus et exploités de cette société se rassemblent. Trouver le moyen de réaliser ici une véritable convergence des luttes. De toutes les luttes. Que tous se rassemblent pour attaquer le cœur du problème, et non pas encore un de ses multiples aspects.

Si le mouvement parvient à faire cela, s’il profite du tremplin El Khomri pour lancer la machine, je pense que naturellement de nouvelles propositions et que de grandes choses arriveront. Le gouvernement a fait l’erreur de lancer un adversaire commun qui peut être utilisé pour sortir de toute cette merde et nous offrir à tous une belle surprise. A nous de nous en saisir.

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