Après la manif pour tous, l’interdiction de manifester pour tous

Des parlementaires veulent créer une interdiction de manifester pour les individus reconnus comme « violents », et ce afin de lutter contre les mutilations et assassinats lors des « opérations de maintient de l’ordre ». En effet pas de manifestants = pas de violences policières !

Mobilisation contre la Loi dite « du Baillon », en Espagne, novembre 2014

Après la mort de Rémi Fraisse, une « commission d’enquête parlementaire sur les missions et modalités du maintien de l’ordre républicain dans un contexte de respect des libertés publiques et du droit de manifestation » (ça ne s’invente pas !) à été dilligentée pour réfléchir aux "modalités du maintient de l’odre en contexte de manifestaion" afin qu’un nouveau drame n’arrive plus. Il fallait bien une commission et une dizaine d’élus qui se creusent les méninges pendant 7 mois pour nous pondre des mesures en carton sur le "maintien de l’ordre lors des manifestations et rassemblements, tout en préservant le droit républicain" .

Mais là où ça devient cocasse (en fait, carrément flippant) c’est dans la solution qu’ils proposent : créer une interdiction de manifs aux personnes repérées comme "casseurs violents" par les RG.

En clair tous ceux qui ne sont pas pour les manifs traîne-savates bien pacifiées par le SO et la sono des centrales syndicales et/ou les citoyennistes ne pourront plus approcher d’une manif, et seront donc passible d’une peine, à l’instar des interdictions de stade.

L’empêchement ciblé de certaines personnes ou groupes à participer aux manifestations n’est pas nouveau, il s’est déjà pratiqué. En novembre, quand les flics ont arrêté préventivement des dizaines de personnes, pour les empêcher de se rendre à une manifestation pour Rémi Fraisse. Le 1er mai dernier quand la police a pris en nasse une centaine de personnes pour ne pas qu’elles puissent se rendre à l’hommage en l’honnneur de Brahim Bouarham. Et bien trop souvent, quand les flics contrôlent aux abord des manifs et envoient au poste pour vérification d’identité des personnes jugées "potentiellement violentes".

Il s’agit d’entériner et de légitimer une pratique, maintenant les flics n’auront plus à chercher un prétexte fallacieux dans le Code pénal, tout est fait avec l’aval des "représentants du peuple". C’est beau la démocratie en 2015.

Proposons une autre solution : interdiction aux flics, quels qu’ils soient d’approcher à moins d’1,5 km de tout rassemblement. S’il n’y a plus de robocop armé jusqu’aux dents tirant sur tout ce qui bouge, il n’y aura plus de blessé ni de mort dans les opérations "de maintien de l’odre républicain".

Note

Contrairement aux apparences, le rapport de cette commission existe bel et bien et n’est pas une blague, comme le rapporte cet article de Mediapart.

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