Coordination nationale de lutte les 11 et 12 juin à Nanterre

Dans la perspective de la journée de mobilisation nationale du mardi 14 juin et en réponse à l’appel d’Alès pour une coordination nationale des assemblées de lutte, nous appelons à se retrouver le samedi 11 et dimanche 12 à partir de 10h à la fac de Nanterre pour deux journées d’assemblée et d’ateliers consacrées à un retour sur les différentes expériences locales de luttes et de mise en perspectives du mouvement contre la loi Travail et son monde. Rendez vous au Batiment D de la fac de Nanterre.

Voilà maintenant trois mois que le mouvement contre la loi Travail a commencé. Depuis trois mois, nous sommes des milliers à tenter d’alimenter le foyer de la révolte contre la nuit sécuritaire et réactionnaire à l’ombre de laquelle nous vivions depuis trop d’années. Ce mouvement, inespéré il y a encore quelques semaines, a revêtu des formes très différentes au fil du temps et selon les endroits. Formes qui se sont parfois ignorées, parfois imbriquées, mais qui ont le mérite d’avoir permis à la lutte de se prolonger au-delà de l’essoufflement de chacune de ses composantes.

De la vague lycéenne et étudiante du mois de mars, à l’émergence de Nuit Debout en avril, jusqu’à l’entrée en grève de secteurs clés de l’économie ces derniers jours, quelque chose tient, une détermination qui ne se dément pas.

La loi Travail tient à la fois pour peu de choses et pour beaucoup dans cette détermination. Pour peu de choses, car cette nouvelle attaque faite aux conditions d’exploitation n’est pour nombre d’entre nous qu’une actualisation par la loi de pratiques patronales déjà en vigueur. Pour beaucoup, car ce n’est pas par hasard si la confrontation prend de l’ampleur sur le terrain du travail, où nous avons reconnu la misère de notre condition, que l’on soit chômeur-se, précaire ou salarié-e, que l’on cherche du boulot ou que l’on cherche à ne pas en trouver… D’emblée, pour une frange significative du mouvement, la lutte a pris pour cible – visiblement – le monde qui produit la loi Travail, c’est-à-dire un monde où domine le capital, sa capacité à coloniser tous les aspects de nos vies, le devenir-marchandise qu’il promet à chacun-e d’entre nous, sa logique de mort, son État et sa police.

Cette sensibilité s’exprime, en de nombreuses villes, sur les lieux de blocage, les piquets de grève et dans des cortèges de manifestation offensifs toujours plus fournis, matérialisant un refus de se laisser enfermer dans les formes habituelles de la représentation syndicale ou sectorielle. Ces cortèges – démentis en actes de la logique de séparation poursuivie par les politiciens, bureaucrates et autres journalistes – s’accompagnent d’affrontements avec les flics, de pratiques d’actions directes et d’autodéfense médicale et juridique. La forme des manifestations et des actions est une donnée significative du mouvement. Mais elle en exprime également les limites.

Limites en ceci que nous nous sommes heurté-e-s à des difficultés pour faire émerger des espaces d’auto-organisation de la lutte. Ces difficultés tiennent en partie à une répression policière et judiciaire globale, à des stratégies syndicales confuses, et, du coup, à une situation de dépendance vis-à-vis d’un calendrier imposé par les directions des centrales. Elles laissent en tous les cas ouvert le besoin de se saisir du contenu de la lutte, de comprendre ce qui se joue dans cette période de retour de la conflictualité sociale, pour pouvoir agir en conséquence. La nécessité se fait donc sentir d’une rencontre des assemblées, des comités, des groupes, des individus qui ont tenté de prendre en main, depuis le début du mouvement, la question de son autonomie et de son dépassement.

Nous nous associons à l’appel d’Alès qui propose que cette rencontre soit l’occasion de diffuser l’information sur les actions passées et les mobilisations à venir, d’échanger des réflexions, autant sur les enjeux de la lutte que d’ordre plus tactique, de construire une solidarité et/ou une défense collective face à la répression.

Nous appelons tous celles et ceux – assemblées, comités d’actions, collectifs, individus – qui se reconnaîtront dans cette proposition à participer à des journées de coordination les samedi 11 et dimanche 12 juin à Paris. Nous proposons que ces rencontres, précédant l’appel à une manifestation nationale le 14 juin, puissent être l’occasion de nous approprier cette date, et de la déborder pour en faire un moment de débat et d’initiatives visant à renforcer la conflictualité sociale en cours (sans se substituer aux initiatives décentralisées qui auraient lieu par ailleurs).

Nous proposons de nous retrouver le samedi 11 à partir de 10h à la fac de Nanterre pour une journée d’assemblée consacrée à un retour sur les différentes expériences locales de lutte et à une tentative de remettre le mouvement en perspectives (et éventuellement lui en tracer de nouvelles…). La journée du 12 sera dédiée à des discussions et des ateliers thématiques sur toutes les problématiques particulières qui ont émergé au cours du mouvement.

Le programme est en cours d’élaboration et comprendra des moments plus informels (cantines, concert…).
Il est bien évidemment soumis à toutes les propositions, étant entendu que la forme des ces rencontres n’appartient pas à celles et ceux qui prendront en charge ses aspects matériels. Le mail doit permettre de recueillir toutes ces propositions, ainsi que toute question concrète relative à la logistique.

En espérant que notre appel résonne et que notre mélange détonne.

Divers gens dont le lien s’est construit dans le cortège de tête des manifs parisiennes et aux Comités d’Actions

Contact : cortege-de-tete [at] riseup.net et au 07.53.26.71.42

Au programme

Samedi 11 : Assemblées plénières

  • 10h : Retour sur les différentes expériences de luttes locales.
  • 13h : un repas sera prévu !
  • 15h : Perspectives du mouvement et manifestation nationale du 14 juin. Quelles suites ? Quelles envies ?
  • 20h : un autre repas sera prévu !
  • Le soir : Jeu surprise ! Ramène une lampe de poche...

Dimanche 12 : Ateliers et discussions - programme définitif

Optionnel : street-medic et déplacement collectif

  • 10h :
    • Débat sur le cortège de tête
    • L’anti-patriarcat dans nos luttes
    • Rédaction d’un appel de la coordination nationale
  • 13h : pas de repas prévu ! Amenez de quoi grignoter tou-te-s ensemble !
  • 14h :
    • Atelier pratique pour le cortège de tête de la manif du 14
    • Débat sur les médias libres et la place de l’image dans nos luttes
    • Coordination des Assemblées de luttes : coordination des actions - coordination des outils - défense collective
    • Marche-actions dans les quartiers populaires
  • 16h : Retour en plénière des différents ateliers et clôture du WE
  • 19h : Cantine végan

Pour toute question ou envies : cortege-de-tete [at] riseup.net ou au 07.53.26.71.42.

Localisation : Appel national

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