Allemagne : il y a 25 ans, les pogroms de Rostock

Le site antifasciste La Horde revient sur les violences racistes de 1992 contre les demandeurs d’asile à Rostock, le contexte social et économique et la réponse antifasciste qui eut lieu.

Extrait :

Les agressions nazies et la riposte antifasciste

À côté de ça, les attaques menées par les néonazis se multipliaient ; elles visaient les centres d’hébergement de réfugiés, les squats et tous ceux qui ne rentraient pas dans leur schéma de pensée. Loin des structures partidaires, une scène d’extrême droite développait (comme partout en Allemagne de l’Est) une menace potentielle énorme qui se manifestait par des agressions presque quotidiennes. C’est ainsi qu’à l’époque, chaque match à domicile du FC Hansa mettait tous les lieux d’extrême gauche de la ville en alerte maximum, car à la suite de ces matches, il fallait compter avec des rassemblements relativement nombreux de néonazis et de hools d’extrême droite dans la ville, qui attaquaient avec acharnement tous ceux qui ne cadraient pas avec leur façon de voir les choses. La « Tante Trude » fut attaquée dès son ouverture dans la nuit de la Saint-Sylvestre 1989. Cette première attaque fut extrêmement violente mais elle échoua, fort heureusement.

En arrière-plan de ces agressions se déchaînait une campagne de haine raciste massive de la part des élites politiques et des médias publics, campagne majoritairement dirigée contre l’entrée des immigrés sur le territoire allemand et en faveur de l’abolition du droit fondamental à l’asile politique. Cette campagne rencontra un écho très important au sein de la population. Ce n’est qu’après le pogrom de Hoyerswerda en septembre 1991 que les attaques visant les immigrés et leurs logements gagnèrent en violence, y compris à Rostock.

Il fallait réagir. L’engagement antifasciste n’était pas seulement l’expression d’une évidence politique à l’extrême gauche ; pour beaucoup de jeunes, c’était une nécessité pure et simple. L’attitude qui consistait à dire « Ça ne m’intéresse pas », était tout simplement intenable. Il fallait prendre position, surtout quand on n’était pas immigré et que, du fait de son apparence extérieure, on risquait d’être assimilé aux fachos, dont les agressions étaient à la fois trop fréquentes et trop brutales. Comme de nombreux autres antifascistes d’Allemagne de l’Est, les antifascistes de Rostock devaient s’opposer à des nazis en surnombre. La riposte antifasciste offensive faisait donc partie du répertoire de base des militantEs d’extrême gauche. À Rostock, nous avions établi des contacts avec les communautés immigrées et fourni un travail de soutien régulier, à de nombreux égards : nous avions organisé la protection des foyers de réfugiés politiques ou de travailleurs immigrés en mettant sur pied des tours de garde. Quand on craignait une attaque, on sécurisait les squats, on mettait en place des patrouilles, on lançait des contre-attaques. La première manif purement antifa organisée après la chute du Mur eut lieu dès décembre 1989.

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