A propos de l’occupation de la Cinémathèque Française

Le 6 mai la Cinémathèque Française a été brièvement occupée, mais le conseil d’administration de la cinémathèque a appelé les CRS.

Le 6 mai 2016 :

Occupation de la Cinémathèque

Communiqué de presse

(Ce communiqué de presse comme tout communiqué de presse est une présentation non objective et partielle, partiale).

« Si vous voulez sortir, vous sortez mais vous ne revenez plus »

Un poignant témoignage d’une ex-caissière de la cinémathèque Bercy :
Elle créait un lien avec les habitués de la cinémathèque, du jour au lendemain, elle a été virée pour cause d’externalisation de la Cinémathèque qui, selon le directeur de l’association loi 1901 Cinémathèque Française (sic) se doit d’être rentable.

Deux tendances s’expriment :
Une tendance « syndicale » qui demande la fin de la précarité du personnel de la cinémathèque, et un abandon des lois travail El Khomri.
Une tendance « politique » affirmant les lois travail on s’en fout, on ne veut plus travailler, on ne veut pas aménager le capitalisme, on veut un revenu d’existence universel.
Deux tendances difficilement conciliables ? Je ne sais pas.
Il est à noter que la tendance syndicale ne souhaite plus, ou n’a plus les moyens de s’opposer à la tendance « politique ».

Arrivée de la police.

Le gradé policier demande le ou les identités des organisateurs/responsables de l’occupation de la Cinémathèque.
Nous avons répondu que nous étions tous organisateurs/responsables.

Rage

Le sous-directeur de la Cinémathèque Bercy a appelé la police.
La police !
Ils appellent la police tout le temps, dans les facs ou dans les agences dites pôle emploi.
C’est désormais systématique.
Ils appellent la police parce que eux pour nous sommes dangereux, nous sommes des terroristes en puissance.
Eh ! DRAC, CNC, ARTE, Bonot (directeur de cinémathèque Bercy), réalisateurs, programmateurs, producteurs de films engagés, Films d’Ici, Festival du Réel, de Clermont Ferrand, SFR, quinzaine de la critique, comment pouvez-vous programmer des cinés tracts anarchistes, du cinéma libertaire, des Pierre Clémenti, des Pasolini, des films contemporains « engagés » et ne pas vous élever contre l’appel à la police qui j’ose l’espérer échappe à la bureaucratie institutionnelle ?
Aussi je vous demande de publier un communiqué dénonçant la présence policière dans les lieux de culture, dans les facs, les écoles de cinémas, les théâtres, la Cinémathèque..
La police, par sa présence, crée un climat de peur et d’angoisse, propice en ce sens à la violence engendrée par la peur.
Personnellement je me suis dit : "ils nous ont enfermés, ils ne nous laisseront plus jamais sortir".
J’ai vu des rangées de CRS, des portes fermées et la gare de triage toute proche de Paris Bercy.
Le policier m’a dit « Si vous voulez sortir, vous sortez mais vous ne revenez plus ", puis a ouvert la porte.
La nuit, une allée surveillée par la vidéo protection, des arbres.
Délire paranoïaque ?
Oui ? Non ?

Dans la salle de la cinémathèque de Bercy, prises de paroles.
Pas d’inscription, prises de parole
Pas de minutage trois minutes.

Un cadre supérieur d’un service fiscale d’une banque a pris la parole pour dénoncer le soi disant manque d’argent provoqué en fait par l’évasion fiscale.

La question des cinéastes de « gauche » qui à longueur de films appellent à de nouveaux rapports économiques mais qui continuent à poser comme préalable l’efficacité, le nombre, et donc les rapports de hiérarchie de classe dans un tournage a été brièvement évoquée.
Comment est-il possible de montrer des films, de débattre autour de films qui justement appellent au soutien des sans papiers qui bossent ici (les autres vous dégagez de la France) ?
Comment est-il possible de montrer des films qui prônent les valeurs de la résistance, de la responsabilisation de l’individu face aux génocides programmés et en même temps appeler la police ?
Comment est-il possible de projeter des films en appelant à une refonte de la société sur des valeurs plus égalitaires et appeler la police.?

Comment pouvons-nous passer nos films sans nous interroger sur un dispositif qui appelle la police, sous-paye les employés, exploite des stagiaires, se verse des frais de représentation ?

C’est cette absence d’interrogation de votre cadre « professionnel » qui fait croire à l’ensemble du corps social avec ou sans papier, que toutes les idées se valent et que l’acte collectif désintéressé n’est qu’utopie, folie.

La police, d’après ce que j’apprends, a effacé les photos et les films des portables des occupants rappelant ainsi les pires actes de ceux qui voulaient effacer toute trace de mémoire..

Festival de Cannes, Festivals en tout genre, tout format petit et grand, Odeon, théâtre dit populaire, Festival d’Avignon, SRF, SPI, CNC, régions, SCAM, SACD, ADAMI, SACEM, vous qui dites lutter pour le droit de l’auteur comment pouvez tolérer que nos films soient effacés, détruits par la police ?
Ou bien vos silences assourdissants sont la preuve que vous n’œuvrez que pour la défense de vos patrimoines enjolivés par mauvaise conscience sous les termes rassurants de respect, valeurs de la République (bourgeoise) transmission/éducation populaire ?

Propositions de slogans :
-* flics ! SCAM ! hors de la cinémathèque

  • salaire unique pour tous les employés de la cinémathèque
  • appel à projet d un nouveau système de programmation débarrassé du plan comptable
  • la culture n’est pas plan comptable frais de représentation part fixe et variable
  • la vie est culture

Note

Pierre Merejkowsky
Délégué non national du site/mouvement http://www.osezlesocialique.com/

Mots-clefs : cinéma | occupation
Localisation : Paris 12e

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