701 000 heures de garde-à-vue

L’auteur de science-fiction Alain Damasio propose un texte intéressant sur l’affaire Snowden, la NSA et « la société de contrôle » (de soi, des autres, du monde) qu’implique l’envahissement du numérique. 701 000 heures de garde à vue ? Une vie entière sous le regard des surveillants. Toutefois, si le constat est bon, la réaction reste à inventer.

Everyone. Everywhere. Everything. WWW = EEE. C’est l’équation dont nous sommes l’inconnue. Jamais le contrôle des populations n’a été aussi puissant et large, aussi précis aussi, et aussi technologiquement outillé. Alors pourquoi si peu de résistance ? Une aussi faible réaction collective et publique, finalement, aux révélations glaçantes de Snowden ? Les écoutes de Mitterrand ou le Watergate, à leurs échelles, avaient suscité bien davantage de scandale. Qu’est-ce qui se passe ?

Au plus haut niveau, c’est facile à comprendre. Les multinationales et leurs directions, les gouvernements et leurs polices, les agences de renseignement française, allemande, suédoise ou espagnole font exactement la même chose que la NSA. Mieux, ils travaillent souvent main dans la main ! Les uns pour nous vendre leurs gammes de soupe, les autres pour contrôler qu’on les mange et qu’on ne souhaite pas renverser la table. La réticence des États à une condamnation franche de la NSA est presque un signe de franchise.

Mais du côté des citoyens ? De la rue ? Des contre-pouvoirs ? Pourquoi cette sensation d’une indignation modeste, d’une mobilisation poussive, d’une indifférence blasée marquée de haussements d’épaule, de « baaah », de « ouaissss » et de « tu sais, c pas nouveau » ? Pas nouveau ? Pas nouveau ? Surveiller des millions de citoyens innocents à la fois, chaque jour, partout dans le monde, en toute impunité, avec un tel raffinement de profilage ?

La suite du texte : 701 000 heures de garde-à-vue.

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